À Malabo, en Guinée équatoriale, les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Union africaine se sont réunis à l’occasion de la 47e session ordinaire du Conseil exécutif. Une rencontre axée sur les enjeux de justice réparatrice pour les Africains, mais aussi sur des questions stratégiques comme le financement du budget 2026 de l’organisation. Si des progrès sont relevés, notamment une légère hausse du taux de contribution au budget-programme, l’Union africaine alerte sur la faible mise en œuvre de la taxe à l’importation convenue à Kigali en 2016.
À Malabo, en Guinée-Équatoriale, la 47ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine s’est tenue les 10 et 11 juillet 2025. Durant ces travaux, les ministres des Affaires étrangères des États membres ont planché sur un thème à forte résonance historique et politique : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par le biais de réparations ». Une initiative portée par la Commission de l’Union africaine, alors que le continent cherche à renforcer son autonomie et à faire entendre sa voix sur la scène internationale. L’accent a également été mis sur le financement de l’institution. Le budget 2026 devrait être conclu aux termes de cette rencontre.
“Cette session du Conseil exécutif se penchera sur l’examen du budget de l’Union au titre de l’année 2026. Le rapport du COREP soumis à votre appréciation met en avant les progrès dans le financement du budget programme. Il est passé de 9,4 % en 2025 à 12,7 % en 2026. Le budget programme reste financé à plus de 77 % par les partenaires internationaux. Les Etats membres de l’Union financent le budget de fonctionnement à hauteur de 100 %.”
MAHMOUD ALI YOUSSOUF, Président de la CUA – Djibouti
Parmi les autres sujets majeurs abordés : l’accélération du processus d’intégration continentale, la répartition des rôles entre l’Union africaine, les Communautés économiques régionales et les États membres, ainsi que l’état d’avancement de la ZLECAf, la Zone de libre-échange continentale africaine. Ces discussions s’inscrivent dans une volonté partagée de redynamiser l’agenda 2063, en plaçant la coopération régionale et l’harmonisation des politiques économiques au cœur des priorités.
“En tant qu’initiative économique la plus transformatrice de l’Afrique depuis la fondation de l’OUA, la Zone de libre-échange continentale africaine a le potentiel de restructurer les économies africaines. D’ici 2045, la ZLECAf devrait stimuler le commerce intra-africain de 45 %, tout en stimulant la croissance sectorielle : 60 % dans l’agroalimentaire, 48 % dans l’industrie, 34 % dans les services et 28 % dans l’énergie et les mines. Mais nous devons veiller à ce que cet accord commercial ne reste pas sur le papier.”
CLAVER GATETE, Secrétaire exécutif de la CEA – Rwanda
Le financement de l’Union africaine reste cependant un défi central. La Commission a annoncé une légère progression de la contribution des États membres au budget-programme, passée de 9,4 % à 12,7 % entre 2025 et 2026. Mais seuls 17 pays ont, à ce jour, mis en œuvre la taxe de 0,2 % sur les importations, décidée à Kigali au Rwanda en 2016 pour garantir l’autonomie financière de l’institution. Un sujet de préoccupation récurrent, alors que les ambitions panafricaines nécessitent des ressources stables et pérennes.
”La Commission poursuit ses efforts de mobilisation des ressources. Comme vous le savez, les Etats-Unis refusent toujours d’appliquer la résolution 2719 à la Somalie. Il nous faudra tout de même s’appuyer sur le fond de la paix, dont la vocation première est de soutenir les opérations de paix sur notre continent.”
MAHMOUD ALI YOUSSOUF, Président de la CUA – Djibouti
Dans un contexte mondial incertain, la Commission de l’Union africaine entend donc maintenir le cap d’un développement souverain, ambitieux et porté par les Africains eux-mêmes.