De la Guinée à Madagascar, des initiatives émergent pour faire des minerais africains bien plus qu’un simple atout commercial. Comment passer de l’exploitation brute à une économie de transformation au service des populations ? Reportage au cœur d’un débat stratégique pour l’avenir du continent.
Lors du 17ème Sommet des dirigeants des BRICS, tenu à Rio de Janeiro au Brésil, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a lancé un appel fort en faveur d’un multilatéralisme équitable et d’une croissance économique inclusive, centrée sur une technologie au service de l’humain. Pour lui, cette rencontre internationale représente une plateforme stratégique essentielle pour repenser l’utilisation des ressources naturelles, en vue de stimuler un développement économique durable et partagé entre les nations membres.
“Nous devons désormais veiller à ce que la valeur ajoutée devienne la priorité absolue et que les minéraux essentiels dont nous disposons soient valorisés. Et nous ne devions plus exporter de roches et sols vers les pays développés mais nous devons ajouter de la valeur et exporter fabriqués à partir de ces minéraux essentiels.”
Cyril Ramaphosa, Président de la République – Afrique du Sud
Le continent africain, riche d’environ 30 % des réserves mondiales dans l’industrie extractive, se trouve à un carrefour décisif. Cette richesse, souvent perçue comme un atout majeur, nécessite aujourd’hui une transformation profonde, basée sur la diversification économique et l’industrialisation. L’enjeu est clair : sortir de la dépendance aux matières premières pour bâtir des économies plus résilientes, capables de générer de la valeur ajoutée et des emplois durables.
“L’exploitation minière en raison de ses fondamentaux relativement meilleurs peux financer les infrastructures et la clé est de garantir que ses infrastructures ne sont pas uniquement là pour servir à l’exploitation minière mais qu’elles peuvent être utilisées pour ouvrir des opportunités dans d’autres secteurs de l’économie.”
Antonio Pedro, Secrétaire exécutif adjoint de la CEA – Mozambique
Dans un contexte marqué par de nombreux défis tels que : le déficit d’infrastructures et la pénurie de compétences qualifiées, le secteur extractif africain recèle également de vastes opportunités. Lors de son discours d’adieu prononcé le 3 juillet 2025, le Secrétaire exécutif adjoint sortant de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a souligné que la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) ouvre une nouvelle ère pour dynamiser ce secteur et renforcer son intégration aux chaînes de valeur régionales.
“ Si nous ne changeons pas la nature de notre industrie, nous serons à jamais indépendants des aléas de ce secteur”.
Antonio Pedro, Secrétaire exécutif adjoint de la CEA – Mozambique
La transformation du secteur extractif est une mission complexe, mais elle reste un levier incontournable pour assurer un développement durable et la souveraineté économique des États africains. À travers la création d’emplois et la sécurisation des revenus, l’impact social est tangible. À Madagascar, le secteur minier emploie plus de 500 000 personnes, tandis qu’en Guinée, premier exportateur mondial de bauxite, les ressources naturelles deviennent un moteur essentiel de la croissance économique et de l’intégration régionale.