À l’issue de la COP15 de la Convention Ramsar, le Zimbabwe a été désigné président pour un mandat stratégique, dans un contexte de crise écologique mondiale. Cette prise de fonction marque un tournant pour Harare, qui entend porter haut la voix du Sud global, renforcer la conservation des zones humides et intégrer ces écosystèmes vitaux dans les politiques de développement durable et de coopération régionale en Afrique. Entre défis climatiques, justice environnementale et financements internationaux, le pays se positionne comme un acteur clé de la diplomatie écologique.
Le Zimbabwe a officiellement pris la présidence de la 15ème session de la Conférence des Parties contractantes (COP15) à la Convention de Ramsar sur les zones humides lors de la cérémonie d’ouverture du segment de haut niveau, tenue à Victoria Falls le 24 juillet 2025. Le Zimbabwe va ainsi assumer cette présidence en succession à la Chine pour un mandat de trois ans. La passation a symbolisé l’engagement du Zimbabwe pour la préservation et la restauration des zones humides au niveau mondial.
« Les zones humides, telles que les rizières, mangroves, étangs, lacs, tourbières et marécages, sont des habitats cruciaux pour près de 40 % des espèces terrestres. Elles constituent un moyen de subsistance pour près d’un milliard de personnes. Négliger les zones humides reviendrait à abandonner un levier essentiel dans la lutte contre les émissions de carbone. »
Alors que de nombreux pays se tournent désormais en direction du président Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa pour donner des orientations à suivre sur la protection de l’environnement mondial, le Zimbabwe axe son mandat sur la restauration de 250 000 hectares de zones humides d’ici 2030, le renforcement des efforts de lutte contre la déforestation et la lutte contre les pratiques agricoles destructrices qui affectent les écosystèmes humides.
« C’est une mise en garde pour nous. Nous dépendons des zones humides pour l’eau, la nourriture, la biodiversité, et même pour le climat. Et malgré cela, ces aspects ont toujours été moins valorisés, insuffisamment financés, et peu représentés dans les planifications nationales. »
Musonda Mumba, Secrétaire générale de la Convention sur les zones humides – Zimbabwe
Selon les données du Global Wetland Outlook 2025, bien que les zones humides couvrent seulement 6 % de la surface terrestre, 37 % d’entre elles ont disparu depuis 1971. Quant aux espèces d’eau douce, leurs populations ont chuté de 84 % depuis 1970.
« Nous perdons encore les zones humides plus rapidement que n’importe quel autre écosystème. Nous devons donc nous remettre en question. »
Coenraad Krijger, Directeur général de Wetlands International – Pays-Bas
D’après des experts, cette présidence de la Cop15 par le Zimbabwe pourrait donner au pays l’opportunité de changer son image internationale, longtemps associée à des crises politiques et économiques, et le positionner comme un champion de la conservation, de la gestion durable de l’eau et de la lutte contre le changement climatique.