Africa24 TV

Afrique : un déficit de 30 milliards USD freine le secteur de l’eau et de l’assainissement

L’Afrique fait face à un déficit annuel de financement de près de 30 milliards USD dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, frein majeur à la réalisation de l’Objectif de développement durable n°6. Réunis du 13 au 15 août 2025 au Cap, les dirigeants africains, partenaires internationaux et experts ont adopté la Cape Town Declaration on Water Investments, une feuille de route ambitieuse visant à mobiliser des ressources supplémentaires, attirer de nouveaux investisseurs et aligner les projets sur les financements climat. Entre urgence sanitaire, pertes économiques estimées à 5 % du PIB et espoir d’un nouveau pacte pour l’eau, le continent cherche désormais à transformer ses engagements en actions concrètes.

Selon les estimations de l’Union africaine (UA) et de l’African Ministers’ Council on Water (AMCOW), l’Afrique doit investir au moins 45 milliards USD par an dans l’eau et l’assainissement pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, alors que moins d’un tiers de cette somme est mobilisé actuellement, ce qui laisse un trou béant d’environ 30 milliards USD chaque année. Pour tenter de répondre à cette situation et y apporter des résultats probants, le Sommet UA-AIP 2025, tenu du 13 au 15 août 2025, a placé l’Afrique au centre de la scène mondiale sur les enjeux de l’eau. En donnant de la visibilité à des projets concrets et en adoptant une feuille de route ambitieuse, ce sommet a envoyé un signal clair : le continent ne se contente plus de plaider sa cause, il propose des solutions et exige des résultats.

“Nous devons traiter l’eau comme une infrastructure fondamentale et pas seulement pour survivre mais aussi en tant que fondation pour notre transformation économique. C’est une infrastructure économique. Nous devons la protéger contre les menaces climatiques et aussi contre l’inefficacité. L’inefficacité et l’impacte climatique coûte à l’Afrique 200 millions de dollars par an”

Nardos Bekele-Thomas, Directrice générale de l’AUDA-NEPADEthiopie

Parmi les mesures déjà entreprises pour réduire l’écart de financement de l’eau et de l’assainissement en Afrique, le 15 août 2025, au terme de trois jours de travaux, les délégués du Sommet UA-AIP sur l’eau ont adopté la Cape Town Declaration on Water Investments, considérée comme une étape charnière dans la bataille pour combler le déficit de financement du secteur. Ce texte entend mobiliser davantage de ressources nationales, créer un climat d’investissement attractif, développer des instruments financiers innovants et aligner les projets d’eau et d’assainissement sur les financements climat.

“En tant qu’institution multilatérale, nous nous engageons à hauteur de 10 à 20 milliards de dollars de financement annuellement dans le secteur de l’eau. Notre objectif est de renforcer ces chiffres pour atteindre des résultats et un impact plus important. 

Mtchera Johannes Chirwa, Directeur du Département Eau et Assainissement à la BAD Malawi

Derrière les chiffres, ce déficit a des répercussions lourdes. En Afrique, près de 400 millions de personnes n’ont toujours pas accès à une source d’eau potable sûre, tandis que plus de 700 millions vivent sans installations d’assainissement adéquates d’après le Programme des Nations Unies pour l’établissement d’infrastructures. Selon les experts, cette situation empêche le continent de réaliser pleinement l’ODD 6 et favorise la persistance de maladies hydriques comme le choléra, la typhoïde ou encore les diarrhées infantiles, responsables de plus de 300 000 décès chaque année. Le manque d’eau et d’assainissement de qualité entraîne aussi une perte économique estimée entre 2 % et 5 % du PIB annuel dans plusieurs pays.

“Près de 400 millions de personnes n’ont pas d’accès à une eau potable sur le continent. Et 700 millions n’ont pas accès à un bon assainissement. En outre, le secteur économique n’obtient pas toute l’eau dont il a besoin pour prospérer.”

Jakaya Kikwete, Coprésident du groupe de haut niveau de l’AIPTanzanie

Malgré ces défis, les acteurs du secteur affichent une certaine confiance. Les engagements pris au Cap devraient permettre, au cours des cinq prochaines années, de mobiliser 10 à 12 milliards USD supplémentaires par an, réduisant progressivement l’écart de financement. Cette dynamique, si elle est respectée, pourrait placer l’Afrique sur une trajectoire plus soutenable, en renforçant la résilience des populations, en améliorant la santé publique et en soutenant la croissance économique.


Agenda

logo Africa24tv

CONTACTEZ NOUS

xxxxxxx@yyy.com