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Afrique – Coopération SADC – USA : perspective d’une nouvelle relation centrée sur l’économie

En décembre 2024, le président Joe Biden effectuait une visite d’Etat en Angola, la première d’un président américain depuis neuf ans, mettant en lumière l’engagement renouvelé des États-Unis envers l’Afrique australe. Depuis le retour de Donald Trump à la magistrature suprême, les relations entre les deux régions ont connu une évolution qui soulève des interrogations et des défis, mais ouvre également des opportunités de coopération mutuellement bénéfiques. Le premier Forum de dialogue entre les hauts fonctionnaires de la SADC et des États-Unis tenu le 13 août 2025 lors du 45ème sommet de la SADC en est un témoignage.

L’accession à la Maison Blanche du président Donald Trump a soulevé des inquiétudes auprès de la communauté internationale. C’est dans ce contexte que s’est tenu le forum SADC-USA au Centre de conférence international d’Ivato réunissant de hauts fonctionnaires des pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et des représentants du département d’État américain emmenés par la sous-secrétaire d’État adjoint des États-Unis chargée des Affaires africaines Melany Higgins. L’enjeu au coeur des discussions était la suite de la mise en œuvre du second cycle de l’Accord sur l’Objectif de Développement Régional SADC–USA (RDOAG) 2023-2027 qui couvre l’agriculture, de la santé, de la gouvernance démocratique, de la jeunesse, de l’environnement et de l’énergie. Ce, compte tenu de la réduction de l’aide américaine en direction de l’Afrique qui se chiffrait à près de 4 milliards de dollars en 2024.

«Cette fois, nous nous sommes vraiment concentrés sur la raison pour laquelle la SADC a été créée. Et la SADC a été créée avec la conviction sincère que les Africains peuvent réussir, car elle a été créée par des combattants de première ligne, elle est née du sang partagé et il est maintenant temps de construire des piliers.»

Amon Murwira, Président sortant du Conseil des ministres de la SADCZimbabwe

Une autre question soulevée lors de ce forum a été  le “travel ban”, mesure américaine d’interdiction de séjour visant des ressortissants de pays considérés comme non coopératifs sur le plan sécuritaire ou diplomatique. Dans la zone SADC, l’Angola et le Zimbabwe ont déjà été concernés par ces restrictions. Le 5 août 2025, les Etats-Unis ont lancé un programme pilote consistant à exiger une caution pouvant aller jusqu’à 15 000 dollars aux demandeurs de visa de tourisme ou d’affaires. En Afrique, cette mesure s’adresse au Malawi et à la Zambie. Plusieurs délégations auraient plaidé pour un dialogue plus transparent et une approche différenciée, afin de limiter l’impact de ces mesures sur les échanges humains, économiques et culturels.

« Nous avons pris environ 82 décisions, allant de décisions fondamentales à des questions relatives à la paix et la sécurité. Nous avons également pris des décisions concernant le développement de l’infrastructure. Nous avons pris des décisions sur les questions de capital humain et concernant l’intégration et la question des visas, par exemple. L’objectif est qu’il y ait une réciprocité juste sur les visas. A ce titre, nous avons félicité le Zimbabwe, les Seychelles et Maurice pour avoir assoupli les exigences en matière de visas.»

Amon Murwira, Président sortant du Conseil des ministres de la SADCZimbabwe

Les relations entre la SADC et les Etats-Unis pourraient être compromises à l’avenir  avec la remise en question de l’African Growth and Opportunity Act, AGOA qui expire en septembre. En effet, aujourd’hui, le Lesotho, le Botswana sont taxés 37 % sur les droits de douane sur les exportations de textile, de mines et de produits agroalimentaires. Le 2 avril 2025, les États-Unis ont annoncé une nouvelle politique commerciale qui introduit des « droits de douane réciproques » de 11 % à 50 % sur tous les produits importés de la région de la SADC à compter du 9 avril. En termes d’exposition, ces tarifs imposés sur la SADC représentent près de 4,4 % des exportations de la SADC qui sont dirigées vers les États-Unis. 

«Nous sommes une région intégrée qui parle et fait le travail, car il est très important que nous fassions ce que nous écrivons et que nous écrivons ce que nous faisons. »

Amon Murwira, Président sortant du Conseil des ministres de la SADCZimbabwe

Dans une perspective plus large, les experts estiment que le renforcement des économies africaines par le commerce intrarégional est la clé de la préservation des intérêts économiques africains. Il n’exclut cependant pas la possibilité pour les Etats de signer des accords bilatéraux avec les grandes puissances étrangères bien que cette option relève la vulnérabilité de nombreux pays.


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