Le deuxième Sommet africain sur le climat (SAC2), qui s’est tenu à Addis-Abeba du 8 au 10 septembre 2025, s’est conclu par des engagements sans précédent, totalisant plus de 150 milliards de dollars américains pour la croissance verte, la transition énergétique et la résilience climatique. Les dirigeants ont présenté des initiatives phares telles que le Pacte africain pour l’innovation climatique (ACIC), le Fonds africain pour le climat (ACF) et l’Initiative pour l’industrialisation verte en Afrique (AGII). Ce sommet a marqué un tournant historique, permettant à l’Afrique de passer d’une position de vulnérabilité face au changement climatique à celle de leader proactif dans la recherche de solutions.
La Déclaration d’Addis-Abeba sur le changement climatique et l’appel à l’action ont posé les bases pour une réforme des systèmes financiers internationaux en insistant sur la nécessité d’un financement de l’adaptation sous forme de subventions. Les dirigeants africains ont souligné qu’en dépit du fait que le continent soit responsable de moins de 4 % des émi+ssions mondiales de gaz à effet de serre (PNUE, 2024), il subit pourtant les conséquences les plus graves du changement climatique.
Le deuxième sommet africain sur le climat, après celui de Nairobi en 2023, nous offre l’opportunité de repositionner l’Afrique dans les négociations internationales. Il s’agit d’un impératif majeur. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Depuis plus de 150 ans, les nations industrialisées polluent la planète. Le chiffre de 1,3 trillion de dollars est le montant nécessaire par an pour financer les plans d’adaptation ou de changement climatique sur le continent. Ce qui est proposé à l’Afrique, ce sont 300 milliards de dollars pour financer des plans de mitigation et d’investissement. C’est loin d’être suffisant.
Mahmoud Ali Youssouf, Président de la Commission de l’Union africaine
Au cœur du L’ACS2 figuraient des engagements financiers majeurs. Le Pacte africain pour l’innovation climatique (ACIC) et le Fonds africain pour le climat (ACF) visent à mobiliser 50 milliards de dollars par an pour soutenir au moins 1 000 solutions climatiques pilotées par l’Afrique d’ici 2030. Les banques de développement et les investisseurs privés ont également promis plus de 100 milliards de dollars pour accélérer l’Initiative pour une industrialisation verte en Afrique (AGII). Les objectifs en matière d’énergies renouvelables ont également été réaffirmés, l’Afrique visant à installer 300 GW de capacité d’énergie propre d’ici 2030.
Nous ne sommes pas ici pour négocier notre survie ; nous sommes ici pour concevoir le modèle économique mondial du futur en matière de climat. Si nous faisons les bons choix dès maintenant, l’Afrique pourrait devenir le premier continent à se développer industriellement sans détruire ses écosystèmes.
Abiy Ahmed, Premier ministre d’Ethiopie
Pour les représentants de la société civile présents à l’ACS2, les engagements financiers doivent se traduire en actions concrètes sur le terrain, avec la transparence et l’appropriation communautaire comme principes directeurs. En réponse, les dirigeants ont lancé le Cadre africain pour une résilience juste (JRF) et le Fonds d’impact pour la justice climatique en Afrique (CJIFA), tous deux conçus pour acheminer les ressources directement vers les communautés les plus exposées aux chocs climatiques. Pourtant, le défi reste immense : la Banque africaine de développement (BAD) prévoit que le déficit de financement climatique de l’Afrique dépassera les 3 000 milliards de dollars d’ici 2030, soit bien plus que les flux actuels. Le président kényan, William Ruto, a souligné l’urgence de la situation.
Il est indéniable qu’ aucun pays ne peut résoudre cette crise seul. Seule une collaboration audacieuse, unie et durable nous permettra d’éviter la catastrophe climatique. L’isolement n’est pas une stratégie gagnante. Agir isolément entraînera une perte de temps et de ressources, et compromettra notre avenir. Cette réalité nous oblige à nous concentrer sur la mise en place d’une base industrielle moderne, écologique et inclusive au sein de notre continent. Cela permettra à l’Afrique de jouer un rôle important dans l’économie mondiale et de renforcer la solidarité nécessaire pour lutter contre le changement climatique.
William Ruto, Président de la République du Kenya
Le sommet africain sur le climat de 2025 a permis de concrétiser les discours en adoptant des mesures structurées et en formulant des engagements sans précédent. Si ces engagements sont respectés, ils pourraient accroître l’accès à l’énergie renouvelable pour des centaines de millions de personnes, créer des emplois et protéger les populations vulnérables des effets dévastateurs du changement climatique.