Le Dr Raji Tajudeen, chef du département des instituts de santé publique et de la recherche au Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), est devenu l’une des personnalités les plus influentes en matière de santé publique en Afrique. Que ce soit pour coordonner les réponses aux épidémies ou pour impulser la recherche et le renforcement des capacités, il incarne parfaitement la volonté du continent africain d’affirmer son autonomie et sa résilience en matière de santé.
Raji Tajudeen, de nationalité nigériane, est le chef du département des instituts et de la recherche en santé publique au Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) à Addis-Abeba, en Éthiopie. Médecin de profession, titulaire d’un diplôme de spécialisation en pédiatrie et en santé publique, Raji Tajudeen possède une expertise dans divers domaines, notamment la santé de l’enfant, la gestion des systèmes de santé, la diplomatie sanitaire, la santé maternelle et infantile, ainsi que la santé en situation d’urgence humanitaire.
“Si l’on observe la situation sur le continent, on constate que la plupart des États membres ne disposent pas des moyens nécessaires pour refuser certaines propositions. C’est d’ailleurs ce qui a motivé le lancement, par l’Africa CDC en février dernier, du programme de leadership ministériel que nous avons mis en place. Notre objectif est notamment de permettre à nos ministres de savoir comment interagir de manière stratégique avec leurs partenaires”.
Raji Tajudeen, Directeur des instituts de santé publique et de la recherche au CDC Afrique – Nigeria
Sous sa direction, l’Africa CDC a mis en œuvre des initiatives telles que le système continental de gestion et de visualisation des données sur la vaccination contre la COVID-19, permettant ainsi de suivre en temps réel la vaccination dans les États membres de l’Union africaine. Il accorde la priorité à la résilience à long terme, en renforçant les systèmes de recherche et de santé en Afrique afin de réduire la dépendance à l’aide extérieure.
Nous avons mis en place ce que nous appelons le Forum pour l’initiative de collaboration en matière de diagnostic, dont le but est précisément de renforcer les capacités locales en matière de diagnostic.
Raji Tajudeen, Directeur des instituts de santé publique et de la recherche au CDC Afrique – Nigeria
Le Dr Tajudeen s’intéresse également à la résistance aux antimicrobiens (RAM), qui, selon le CDC Afrique, cause 27,3 décès pour 100 000 habitants chaque année, un taux de mortalité supérieur à celui du VIH/sida, de la tuberculose ou du paludisme dans certains pays. Il souligne que pour une réponse efficace à la RAM, un budget annuel de 2 à 6 milliards de dollars américains est nécessaire, alors que le financement actuel ne représente à peine un dixième de ce montant.
« Ce que nous devons comprendre, et la pandémie de COVID-19 l’a clairement démontré, c’est qu’une épidémie de maladie infectieuse n’est pas seulement un problème de sécurité sanitaire. C’est aussi un problème économique, social et humanitaire. Chacun a donc un rôle à jouer. Les jeunes, en particulier, ont un rôle important à jouer, notamment en matière de développement des compétences. À cet égard, nous venons de lancer un partenariat pour la production de vaccins, qui nous permettra de renforcer nos capacités de production de vaccins sur le continent. »
Raji Tajudeen, Directeur des instituts de santé publique et de la recherche au CDC Afrique – Nigeria
Une autre priorité majeure consiste à combler le déficit de personnel dans le secteur de la santé en Afrique. Si le continent compte actuellement environ un million de travailleurs communautaires de santé, les estimations indiquent qu’il en faudra plus de deux millions d’ici 2030 pour atteindre les objectifs de santé. La vision du Dr Raji Tajudeen repose sur la recherche, l’investissement et l’autonomie. Elle place la santé publique au cœur des priorités de sécurité et de développement du continent et affirme que l’Afrique peut jouer un rôle de leader dans la recherche de solutions aux problèmes de santé mondiaux.