À Luanda, lors du 3ᵉ Sommet sur le financement des infrastructures en Afrique, dirigeants, investisseurs et institutions ont lancé un message clair : sans bancabilité, pas d’investissements. L’Afrique doit structurer ses projets, réduire les risques et mobiliser son propre capital pour transformer ses ambitions en infrastructures réelles.
À Luanda, capitale angolaise, du 28 au 31 octobre 2025, l’Afrique s’est réunie pour répondre à un défi urgent : comment rendre ses projets d’infrastructures suffisamment bancables pour attirer des investissements massifs ?Une question devenue centrale dans un continent où le déficit annuel d’infrastructures atteint jusqu’à 170 milliards de dollars. Les routes, les rails, l’énergie, le numérique… tout manque encore, et tout coûte trop cher à financer lorsque les projets ne sont pas prêts. Dès l’ouverture, la directrice générale de l’AUDA-NEPAD, Nardos Bekele-Thomas, a rappelé que le financement n’est plus une option, mais une condition d’existence pour l’économie africaine. Pour attirer les capitaux, l’Afrique doit avant tout présenter des projets mieux préparés, techniquement robustes et financièrement crédibles.
Nous devons accélérer le changement de la diagnose à la distribution, de ne pas identifier les barrières et de les fermer activement. Le moment demande que nous transformions notre volonté politique en action pratique et que notre vision continentale soit transformée en investissements concrets.
Nardos Bekele-Thomas, Directrice générale de l’AUDA-NEPAD
Pour le président du Conseil de l’UA Faure Gnassingbé, présent au sommet, la solution passe aussi par une mobilisation du capital africain lui-même : fonds souverains, pensions, assurances. Le continent dispose de fonds souverains, de fonds de pension, d’assurances et de banques publiques capables de porter une partie importante des investissements.Les projets les plus bancables ne sont pas seulement ceux qui construisent des routes ou des rails, mais ceux qui créent de véritables chaînes de valeur régionales. Les corridors intégrés doivent devenir les artères vitales du commerce africain.
Les routes, les rails, les ports, les réseaux énergétiques et numériques, tout cela ne sont pas seulement des infrastructures physiques, ce sont les artères de notre intégration et les vecteurs de notre compétitivité. Elles font vivre nos territoires en reliant nos mines, nos zones industrielles et nos marchés intérieurs. Lorsqu’un corridor fonctionne, les coûts logistiques s’effondrent, le temps de transit diminue. C’est ainsi que des pays enclavés deviennent de vraies plateformes d’échange.
Faure Gnassingbé, Président du Conseil de l’UA
Un projet n’est bancable que s’il génère de l’activité économique durable. Selon le président du Conseil de l’Union Africaine Faure Gnassingbé, un projet d’infrastructure n’attire pas les investisseurs simplement parce qu’il relie une ville à une autre. Il devient rentable lorsqu’il crée un écosystème économique : zones industrielles, logistique intégrée, énergie, numérique, douanes harmonisées.
Mais pour que ces corridors produisent leur plein effet, il faut investir autant dans le béton ou l’énergie que l’on voit que dans les infrastructures, je dirais, invisibles, dans l’harmonisation douanière, dans la digitalisation, dans la fluidité réglementaire et la gouvernance commune. Le corridor de lome comme celui de l’ho ito, ici en Afrique australe, illustre bien cette approche. Il ne s’agit pas seulement de relier des points géographiques, mais de créer des chaînes de valeurs territorialisées et d’un hub industriel le long de ces axes.
Faure Gnassingbé, Président du Conseil de l’UA
À Luanda, les dirigeants ont insisté : la transformation ne viendra pas seulement des financements extérieurs, mais de la capacité du continent à structurer ses projets, harmoniser ses réglementations, réduire les risques et parler d’une seule voix. Le sommet a également présenté des avancées concrètes : la mise en place d’un fonds de préparation des projets de 100 millions d’euros pour renforcer les études techniques, le lancement d’un guichet unifié destiné à centraliser les financements publics et privés, l’accélération du corridor de Lobito, déjà doté d’une concession de 30 ans et de plus de 500 millions d’euros investis et L’adoption d’un principe fort : les corridors PIDA devront être traités comme des actifs continentaux, protégés des changements politiques nationaux. Autant d’outils destinés à réduire le risque, améliorer la coordination et rendre les projets plus attractifs.