Monsieur ISIDORE NDAYWE historien, membre du panel présidentiel de la République démocratique du Congo est notre invité de cette édition spéciale de ce 35ème sommet de l’union africaine.
1- Depuis le dernier sommet en février 2021, dites nous quelles sont les avancées notables à travers le continent ?
On peut évoquer plusieurs réalisations depuis le dernier sommet. On peut dire de manière globale tout d’abord qu’en cette période de la pandémie, que l’Afrique se porte relativement bien, mieux que la plupart des continents. Donc cette capacité de résilience africaine, est à saluer non seulement parce que nous avons accepté et adhérer massivement à la vaccination, mais parce qu’il y a aussi tous les efforts qui ont été faits localement et parce qu’il y a tous les savoirs endogènes qui ont intervenu et aider à ce que les Africains tiennent le coup.
On peut aussi évoquer le fait que 2021 ait été l’année de la zone de libre-échange africain. Depuis le mois de janvier 2021, c’est un point de départ important probablement que dans l’immédiat, nous n’avons pas fait de publicité, mais c’est une étape importante de notre marche de notre vie commune en Afrique. Puisque je suis dans le domaine de la culture, je ne peux, ne pas saluer le fait que 2021 ait été la grande année de la littérature africaine. Parce qu’il y a eu plusieurs prix remportés par les auteurs africains et donc on peut dire que c’est vraiment la grande année de la littérature africaine
2- Comment le thème Art patrimoine leviers pour construire l’Afrique que nous voulons cadre avec les stratégies de développement de l’Afrique ?
La culture est un élément fondamental. Ce n’est pas seulement au niveau du discours. On peut rappeler ici ce que Senghor avait dit : “la culture est au début et à la fin de tout”. Et je pense que cette phrase est fondamentale. La culture n’est pas seulement une activité à mener lorsqu’on a résolu ces problèmes de subsistance, ses problèmes logistiques et autres, la culture intervient même dans la façon de solutionner ces problèmes, la culture intervient même sur le manger et le boire. On peut donc dire sur ce point en Afrique que la culture joue un rôle très important. Spécialement pour nous en Afrique qui sommes des peuples qui ont perdu le contact avec notre héritage, traditionnel, ancien…, nos éléments basiques de la culture. Je pense que tous les efforts qui sont maintenant menés en Afrique dans tous les domaines notamment à partir des éléments qui sont dans notre charte de la culture africaine et qui devrait entrer en application cette année, nous voulons retrouver nos fondamentaux sur le plan de la culture. Nous pensons que ces fondamentaux sont importants pour nous permettre simplement de retrouver notre personnalité, à être à l’aise dans ce que nous devons entreprendre dans tous les domaines de la vie.
3- l’une des principales recommandations du 34 sommet de l’Union africaine a été d’impliquer davantage des artistiques Africains dans les projets de développement, pouvez-vous nous donner davantage des exemples précis d’implications de ces mesures?
Au cours de l’année 2021, nous avons multiplié des espaces d’expression des artistes : le FESPACO, le MASA. D’autres ont été ajoutés, par exemple, en marge du festival de CANE, nous avons eu à intervenir, à soutenir l’instauration d’un pavillon de cinéma africain qui a donné l’opportunité à nos jeunes cinéastes de s’exprimer. À Kinshasa, nous avons commencé l’expérience d’un festival panafricain, pour donner justement aux artistes de toute discipline d’avoir l’occasion de s’exprimer, donc il y a là beaucoup de choses qui ont pu être faites.
4- plusieurs soutiennent l’idéologie selon laquelle la culture est un vecteur de croissance, quels sont les exemples qui donnent raison à ce courant de penser ?
Des exemples concrets, je reviendrai sur ce que j’ai dit sur tout ce qui concerne le patrimoine, nous sommes dans une grande époque où le patrimoine a toute son importance et prend de la valeur. Nous l’avons négligé et minimisé pendant de longues années, nous avons finalement adopté des patrimoines d’origine externe, et le fait maintenant de travail davantage grâce d’ailleurs à l’intervention de l’UNESCO ou notre patrimoine matériel, archéologique est mise en valeur, mais également le patrimoine immatériel comme cette année ou nous avons que même au niveau de la gastronomie le Thiebou djenne est considéré comme un élément de valeur sur le plan culturel, mais aussi la rumba avec toutes ses variantes est aussi un élément important. En cela, nous sommes dans une trajectoire qui peut dire que l’Afrique reprend de l’initiative dans ce qu’elle doit être, dans ce qu’elle aurait dû être depuis toujours, mais aussi dans ce que nous devons être.
5- La culture n’étant pas figée, est-ce que l’Union Africaine prend en compte l’essor des nouvelles formes d’expression comme faisant partie de l’identité africaine ?
Évidemment, quand on parle de la Rumba, on en parle comme ci c’était un élément figé unique, pourtant quand on dit la rumba, on aurait pu dire les Rumbas parce qu’il y a énormément de variantes de danses de type de chansons. C’est tout un trésor dans cet élément donc que toutes les inventions sur les plans des Arts du spectacle, qui naissent maintenant partent de ce fondement et c’est là, qu’il faut toujours conserver l’exception africaine. Maintenant, même si on adopte des techniques musicales, des instrumentations d’origines externes, il y a toujours l’exception africaine qu’il faut conserver dans tous ces éléments.
6- De nombreux trésors culturels africains sont toujours maintenus dans les pays étrangers, comment l’union africaine intervient dans le processus de rapatriement ?
Je dirai que cette question n’est pas seulement institutionnelle, c’est aussi un problème lié aux différents Etats membres. J’oserai même dire au niveau même de chaque groupe de pays avec l’ancien pays colonisateurs. Nous devons saluer les efforts qui ont été déjà faits pour les quelques œuvres qui ont été déjà restitués au niveau du Bénin, mais nous savons que très fondamentalement, que c’est une opération qui devra se faire et qui est en cours dans tous les pays, parce qu’on ne pourra plus faire marche arrière. Nous sommes très heureux, d’ailleurs s’agissant de la situation de la République démocratique du Congo et la Belgique qui a reconnu que sur le plan juridique que tout ce qui existe comme œuvre d’art dans le musée Tervuren, est une propriété juridique du Congo et des Congolais, donc à partir de ces éléments, ils nous revient de discuter, et de voir à quelle vitesse, opérationnelle on devra organiser ces différentes opérations de restitution. On peut donc dire Oui, l’opération est en cours, mais à plusieurs vitesses suivant les opérations de chaque pays.