La prévention des crises socio-politiques en Afrique est un défi qui requiert une approche globale basée sur des conventions et protocoles. Malgré les efforts entrepris par les États pour restaurer la paix, les conflits perdurent sur le continent. Pour résoudre cette problématique complexe, les experts appellent à la mise en œuvre de politiques harmonisées pour la reconstruction post-conflit des États.
Après la longue décennie de crises emboîtées, dont la dernière en date est le conflit armée au Soudan, l’Afrique multiplie les initiatives pour renouer, avec une stabilité politique doublée d’une croissance économique. Le défi que représentent les conflits violents et leur impact sur le développement socio-économique en Afrique reste une tâche ardue. En effet, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique estime le coût humain des conflits armés en 2023 à plus de 40 millions de déplacés de force, soit plus du double en 2016. C’est dans ce contexte que l’Union Africaine veille à ce que les accords de paix soient effectivement complétés par des efforts soutenus de reconstruction post-conflit et de consolidation de la paix, en vue de s’attaquer aux causes profondes de leur déclenchement.
“Comme vous le savez tous, si nous empêchons les conflits d’éclater, de se propager, de déborder sur leurs voisins, l’Afrique sera un continent plus pacifique et plus sûr. Conformément à la quatrième aspiration de l’agenda 2063, nous voulons donc vous assurer que l’IREC a été lancé. Il s’agit de l’Inter Regional Knowledge of Exchange. Cette plateforme a été lancée à Lusaka en marge du quatrième sommet de coordination des médias.”
Bankole Adeoye, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité – Nigéria
La politique de l’Union Africaine en matière de reconstruction et de développement post-conflit a inspiré les communautés régionales comme la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) qui par la signature de l’Accord de Lusaka en 1999 prévoit des interventions militaires ou de médiation en cas d’attaque ou de menace de l’intégrité territoriale de l’un de ses membres. Des interventions actées en 2003 par le Pacte de défense mutuelle de la SADC. Malgré ces efforts, la reconstruction post-conflit se heurte au manque de volonté politique des Etats.
“Je pense qu’il s’agit avant tout de responsabiliser les États membres. Nous avons beaucoup de bons protocoles. Des protocoles qui régissent la manière dont nous allons gérer les choses. S’il s’agit de politique ou d’élections, nous avons un protocole, s’il s’agit d’intégration régionale, nous avons des protocoles, s’il s’agit du VIH, nous avons des protocoles. Nous avons des stratégies qui ont été élaborées par cette organisation… Nous devons veiller à ce qu’elles soient mises en œuvre et chaque État membre doit les signer et les ratifier.
Elias Magosi, Secrétaire exécutif de la SADC – Botswana
En 2022, l’Union Africaine et les acteurs régionaux surpervisaient 10 opérations de paix, réparties dans 17 pays africains et comprenant plus de 70 000 personnels autorisés. Conformément aux mécanismes de défense collective instaurés à l’échelle régionale, depuis décembre 2023, une mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe est déployée dans l’Est de la République Démocratique du Congo pour restaurer la sécurité menacée par le M23.
“Vous savez, nous avons des statuts au sein de la SADC. Si l’un des pays est déstabilisé par solidarité, les autres pays doivent intervenir pour rétablir la stabilité et la paix.”
Jean-Pierre BEMBA, Ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants – RD Congo
Avec 08 États dirigés par des gouvernements de transition et 6 408 attaques terroristes enregistrées au cours de la dernière décennie, l’Afrique croule sous le poids de ses nombreux défis sociaux politiques dans un contexte marqué par une hausse de la violence, et de l’accentuation des inégalités sociales.Pour les dirigeants, l’heure est au respect de la mise en oeuvre des mécanismes instaurés par l’Union africaine et les communautés économiques régionales.