Dans un contexte marqué par la raréfaction des financements internationaux et des politiques commerciales de plus en plus restrictives, les experts insistent sur la nécessité d’une transformation structurelle de l’Afrique. Celle-ci devrait s’appuyer sur l’autosuffisance, une exploitation stratégique des ressources naturelles et l’établissement de partenariats durables. En effet, l’Afrique n’a pas été partie prenante lors de la création de l’architecture financière mondiale, ce qui rend obsolètes, selon certains experts, les accords de Bretton Woods, conçus pour régir le système financier international. Une situation que la Banque africaine d’Import-Export, Afreximbank, souhaite changer.
Selon le rapport 2024 de l’ONU, l’Afrique a besoin de 1,3 à 1,6 trillions de dollars supplémentaires pour atteindre les ODD et les objectifs de l’Agenda 2063. Pour soutenir cette transformation, une révision des instruments de la dette est cruciale. En 2024, le service de la dette atteint 163 milliards de dollars, contre 61 milliards en 2010, selon la BAD. Afreximbank propose une réforme financière pour renforcer la stabilité monétaire, alléger la dette et soutenir le financement climatique.
«Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle est comme un enfant élevé avec des cadeaux, des subventions et tout le reste. Nous l’avons vu lors du COVID 19 et je le dis parce que nous sommes très, très impliqués depuis le premier jour dans la question du COVID, dès le début, l’Afrique s’est lancée dans le marché des vaccins. Un vaccin négocié au prix bas. Mais parce que quelqu’un leur a promis de leur donner un vaccin contre cette maladie, ils se sont reposés sur leurs lauriers et ont attendu.»
Benedict Oramah, Président d’Afreximbank – Nigéria
D’après une étude du PNUD, les pays africains pourraient économiser jusqu’à 74,5 milliards de dollars si leurs notations de crédit reposent sur des critères plus objectifs. C’est dans cette optique que les partenariats public-privé deviennent des leviers essentiels pour les gouvernements. Afreximbank soutient activement les initiatives du secteur privé, qui représente 70 % du PIB du continent, selon la BAD. Parmi ces initiatives, le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), une plateforme révolutionnaire permettant des paiements transfrontaliers instantanés en devises locales, joue un rôle crucial pour faciliter les échanges économiques à l’échelle africaine.
«En général, les entreprises étrangères s’inquiètent du manque d’infrastructures, du manque d’électricité, d’eau et de toutes les autres choses dont nous nous plaignons en Afrique et qui sont résolues dans les parcs industriels. Afreximbank, en particulier à s’est penché sur la question pour trouver une solution de financement locale grâce aux PPP. L’objectif, répondre simplement au financement alimentaire et ou au financement de projet et gelé. Mais nous collaborons également avec des institutions financières locales qui peuvent également fournir ces financements.»
Benedict Oramah, Président d’Afreximbank – Nigéria
Le fardeau grandissant du service de la dette en Afrique menace de compromettre les ambitions de développement durable du continent, notamment dans les secteurs clés comme la santé, l’éducation, les infrastructures et l’environnement. En matière de financement climatique, par exemple, l’Afrique n’a reçu que 30 milliards de dollars sur les 277 milliards nécessaires chaque année pour lutter contre les effets du changement climatique. Un déséquilibre flagrant qui montre les limites d’une architecture financière mondiale inadaptée aux réalités du continent.