L’industrie pétrolière et gazière africaine nécessite un investissement de plus de 721 milliards de dollars pour son développement. L’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) prévoit de lancer la Banque africaine de l’énergie pour mobiliser des fonds en faveur du développement des infrastructures énergétiques en Afrique. Des initiatives régionales sont également en cours pour le développement des infrastructures énergétiques, notamment en Afrique centrale. Les dirigeants africains militent pour une transition énergétique sur le continent sur une période de 20 à 30 ans, afin de promouvoir la justice climatique.
70% du pétrole produit en Afrique est destiné à l’exportation. Pourtant, sur le continent, la fracture énergétique est encore grande. Avec une part dans la production mondiale d’environ 13%, l’Afrique ne représente que 4% de la consommation mondiale de pétrole. Selon les spécialistes, l’industrie africaine du pétrole et du gaz nécessiterait également plus de 721 milliards de dollars d’investissement pour son développement. Face à ce constat, l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) a entrepris de lancer la Banque africaine de l’énergie d’ici le premier semestre 2024. La banque aura pour principal rôle de mobiliser des fonds pour le développement des infrastructures énergétiques en Afrique, dans un contexte de réduction des investissements dans les énergies fossiles au niveau international.
“Les pays et les institutions sur lesquels nous comptons depuis soixante-dix ans ou plus pour financer des projets pétroliers et gaziers sur le continent ont décidé de ne plus financer de projets pétroliers et gaziers, en particulier sur le continent africain… Nous ne pouvons pas simplement nous asseoir et dire que, parce que ceux qui ont financé ces projets ont décidé de ne pas les financer, nous allons déclarer qu’il s’agit d’un blocage. Il faut donc rechercher des solutions internes et c’est exactement ce que nous faisons…”
Omar FAROUK IBRAHIM, SG de l’Organisation africaine des producteurs de pétrole
L’Afrique a besoin de ses énergies fossiles pour se développer. L’Afrique regorge d’importantes réserves de ressources en combustibles fossiles, soit 9,5% du total des réserves mondiales confirmées en pétrole brut, 8% des réserves en gaz naturel, et 4% des réserves de charbon. Pourtant, en marge de la COP 26 en 2021, une vingtaine de pays ont décidé d’interrompre leurs investissements en Afrique, dans les énergies fossiles, responsables du réchauffement climatique. Une décision jugée injuste par l’APPO car l’Afrique ne contribue qu’à près de 3% des émissions mondiales de CO2.
“Quand on parle de transition énergétique, honnêtement, je crois que nous nous trompons. Le monde, la planète est un patrimoine commun aux riches, aux pauvres, aux animaux, aux plantes et aux humains. Mais une certaine partie du monde, une petite partie des pays développés d’aujourd’hui ont utilisé leur pouvoir pour détruire cet environnement qui nous appartient à tous. Et ils ont les ressources pour y remédier. Ils ne veulent pas que cela soit à l’ordre du jour.”
Omar FAROUK IBRAHIM, SG de l’Organisation africaine des producteurs de pétrole
L’APPO en collaboration avec l’Association des raffineurs et distributeurs africains (ARDA) mène une étude sur la création d’un marché physique africain du pétrole brut et des produits pétroliers. Au niveau régional, des initiatives de mutualisation des efforts locaux pour le développement d’infrastructures énergétiques. C’est dans cette optique que la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale vise la construction des infrastructures pétrolières et gazières afin d’éradiquer la pauvreté énergétique en Afrique centrale d’ici à 2030. Ce projet devrait conduire à l’installation de trois systèmes multinationaux d’oléoducs et de gazoducs d’environ 6 500 kilomètres et des raffineries dépendant de onze pays d’Afrique centrale, entre autres.
“Si nous nous unissons, nous pouvons réussir. C’est ce que nous essayons de faire maintenant : examiner les zones du continent africain où nous aurons ce que nous appelons des centres d’excellence régionaux dans le domaine du pétrole et du gaz.”
Omar FAROUK IBRAHIM, SG de l’Organisation africaine des producteurs de pétrole
Les dirigeants africains militent pour une transition énergétique juste, s’étalant sur 20 ou 30 ans sur le continent, au nom de la justice climatique. Renouvelant son engagement à soutenir les producteurs de gaz et de pétrole du continent, l’APPO a signé un protocole d’accord avec Afreximbank portant sur la création de la Banque africaine de l’énergie en mai 2022. L’Agenda 2063 de l’Union Africaine vise à accélérer les actions pour connecter le continent par des infrastructures de niveau mondial grâce à la mise en place d’un marché régional de l’énergie et l’optimisation des investissements régionaux dans le secteur.