Depuis le renversement de l’ancien président Omar Hassan El-Béchir en avril 2019, le second coup d’Etat militaire d’octobre 2021 et les combats déclenchés le 15 avril 2023 entre l’armée et les paramilitaires, l’Union africaine n’a de cesse d’essayer de trouver une solution à la pacification du Soudan; en coopération avec l’Organisation des Nations unies et l’IGAD (l’Autorité intergouvernementale pour le développement), bloc régional qui regroupe sept pays d’afrique de l’Est dont le Soudan. Enjeu pour tous ces acteurs: faire taire durablement les armes dans ce pays, le troisième le plus du continent africain, et en proie à des conflits depuis son accession à l’indépendance.
Le mécanisme trilatéral élargi, composé de l’Union africaine, de la Minuats – la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan – et de l’IGAD – l’Autorité intergouvernementale pour le développement – est à l’initiative de l’accord signé en décembre 2022 entre l’armée et des acteurs politiques civils, pour réinstaurer un gouvernement civil au Soudan; après les coups d’Etat survenus entre avril 2019 et octobre 2021. Mais ce cadre de concertation est soumis à un nouveau défi, avec les combats déclenchés le 15 avril 2023 entre les Forces armées soudanaises et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide. Pour l’Union africaine, qui multiplie les initiatives pour la pacification de ce pays à travers la coordination des efforts internationaux sur la crise soudanaise, l’urgence est à un cessez-le-feu.
“Notre priorité aujourd’hui est de faire respecter et prolonger le cessez-le-feu. Ensuite, assurer l’assistance humanitaire. Vous le savez certainement, la situation est chaotique, le système sanitaire est complètement à terre, il manque de l’eau, il manque de l’électricité. Par la même occasion, je voudrais réitérer mon appel du 26 avril aux organisations internationales et aux pays voisins du Soudan d’assister les populations soudanaises en détresse.”
Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine
Comme l’Union africaine, l’IGAD appelle à une cessation des combats au Soudan, troisième pays le plus grand d’Afrique de par sa superficie de 1,886 million km2. Avant le déclenchement des combats entre l’armée et les paramilitaires le 15 avril, le pays faisait déjà face à des défis, avec près de 15,8 millions de personnes, soit un tiers de la population, ayant besoin d’aide humanitaire. Le pays accueillait déjà également plus d’un million de réfugiés et de demandeurs d’asile, en provenance du Soudan du Sud, de l’Érythrée, de la Syrie, de la République centrafricaine, du Tchad, de l’Ethiopie du Yémen.
“Nous devons être conscients du fait que plus nous mettrons de temps à coordonner les efforts, plus nous perdrons de chances de résoudre cette crise. Le temps presse!”
“Les chances de réussir sont beaucoup plus élevées lorsque nous agissons à l’unisson que lorsque nous sommes fragmentés. Nous apportons ainsi nos avantages comparatifs sur la table et pouvons faire pression collectivement.”
Ismail Wais , Représentant de l’IGAD pour la crise au Soudan – Djibouti
Ouverte aux autres initiatives pour trouver des solutions au Soudan, la Commission de l’Union africaine, à travers son président Moussa Faki Mahamat, a présenté, le 06 mai 2023, son attention pour les pré-discussions entre belligérants conduites par l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. Les acteurs internationaux veulent un retour rapide à la paix au Soudan pour limiter la prolifération des armes et une propagation de l’insécurité aux voisins de ce pays d’Afrique de l’Est, notamment le Tchad, la Libye, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Soudan du Sud et la Centrafrique.
“ »Il est nécessaire de faire taire définitivement les armes et de mettre en œuvre des mesures de confiance qui permettront la reprise des négociations politiques pour une transition civile, y compris les réformes dans le domaine de la sécurité.”
Hanna Serwaa Tetteh , Envoyée spéciale de l’ONU pour la Corne de l’Afrique – Ghana
Depuis la proclamation de son indépendance en 1956, le Soudan est déchiré par les conflits. La crise actuelle est perçue comme une rivalité entre officiers supérieurs pour la quête du pouvoir, au détriment de l’intérêt suprême du peuple soudanais. Des analystes y lisent aussi une confrontation indirecte entre puissances, les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo étant proches de la Russie contrairement à L’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane. Pour l’Union africaine, ce conflit met en péril le vœu de faire taire les armes sur l’ensemble du continent pour permettre le développement des Etats.