Projet ambitieux et stratégique pour nombre d’experts, la création d’une bourse du cacao en Afrique dans un contexte où le continent africain assure environ 75 % de la production mondiale de fèves, pourrait rééquilibrer les rapports de force économiques en faveur des pays producteurs. Pour cela les experts appellent au renforcement de la coopération régionale, à une gouvernance rigoureuse et des investissements massifs en infrastructure. La bourse du cacao pourrait également contribuer à une embellie de la production et à une maîtrise complète de la chaîne de valeur.
Avec une production estimée à plus de 75%, l’Afrique premier producteur mondial de cacao ambitionne d’avoir une meilleur maîtrise de ce marché dominé par d’autres puissances. Pour ce faire, le conseil international de cacao a lancé au Cameroun, le 10 avril 2025, le projet pilote de la bourse africaine du cacao. C’était à l’occasion de la 111eme réunion du Conseil international de cacao. Selon des experts de la filière, cette bourse devrait favoriser la stabilisation des prix, valoriser la production locale, l’autonomisation économique, la transparence du marché et permettre également l’amélioration de la chaîne de valeur.
“Il s’agit pour nous, pays producteurs ainsi que les consommateurs et l’industrie de nous asseoir et maintenant de trouver des solutions et que l’on peut mettre en œuvre rapidement pour le bonheur de tous les acteurs de la chaîne de valeur. Nous avions estimes que le petit producteur de cacao d’Asie, d’Amérique latine et de l’Afrique constituait le maillon faible de cette chaîne”
Aly Touré, Représentant permanent auprès de l’ICCO – Côte d’Ivoire
Sur le continent, la création d’une bourse du cacao devrait également, de l’avis de certains experts, permettre de mieux rémunérer les producteurs, de réduire la dépendance vis-à-vis des marchés étrangers et de gagner en souveraineté économique selon des experts.
“Il y a deux catégories de priorités. Il y a des défis structurels et il y a des défis conjoncturels. Les défis structurels c’est la durabilité de l’économie cacaoyère mondiale”
Aly Touré, Représentant permanent auprès de l’ICCO – Côte d’Ivoire
Même si l’idée d’une bourse du cacao en Afrique est prometteuse, sa mise en œuvre est complexe et pleine d’obstacles selon certains décideurs africains. La création de cette bourse est, de l’avis de certains experts, confrontée au manque d’infrastructures adaptées, à une coordination régionale difficile, à la dépendance aux marchés mondiaux et à un manque de données fiables et de formation.
“Ya six pays qui contribuent de 70 à 75 pourcent de la production mondiale. Il y a la Côte d’Ivoire, il y a le Ghana, il y a le Nigeria, il y a le Cameroun, il y a le Togo et il y a le Gabon. Le premier pays producteur mondial de cacao c’est la Côte d’Ivoire. Ensuite, c’est le Ghana. Le troisième pays se trouve en Asie, c’est l’Indonésie. En Côte d’Ivoire et dans les autres pays africains en général, on fait du cacao normal. Dans les pays latino comme l’équateur, le Costa Rica, la République dominicaine, on fais du cacao fin qui est un autre type de cacao qui est beaucoup plus prisé et qui est beaucoup plus cher sur le marché international”
Aly Touré, Représentant permanent auprès de l’ICCO – Côte d’Ivoire
D’après certaines analyses, la création d’une bourse du cacao en Afrique ne profiterait pas seulement aux gouvernements ou aux entreprises. Les populations locales, et surtout les producteurs, en tireraient des avantages concrets. Les producteurs vont à travers cette initiative bénéficier des revenus plus justes et stables, les agriculteurs devraient également observer une amélioration dans leurs conditions de vie et de nombreux emplois seront créés grâce à la transformation locale.