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Afrique : des indicateurs géographiques pour protéger le savoir-faire local

Afrique : des indicateurs géographiques pour protéger le savoir-faire local

Le démantèlement des barrières tarifaires pour promouvoir le commerce entre les Etats africains, à travers la Zone de libre échange continentale africaine, est présenté comme source d’avantages. Mais ce démantèlement pourrait aussi exacerber les pertes économiques de plusieurs Etats par rapport à la contrefaçon des produits locaux de qualité. Pour une compétition régionale et internationale saine, l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et ses partenaires estiment qu’il faut assurer la mise en place d’indicateurs géographiques pour fournir une garantie aux consommateurs et une protection aux producteurs de produits de haute qualité.

Dans le discours des dirigeants africains, la mise en œuvre de la Zone de libre échange continentale africaine, entrée en vigueur en 2019, met l’accent sur le démantèlement des barrières douanières, l’harmonisation des politiques fiscales, la libre circulation, le libre mouvement des capitaux et services; mais moins sur les indications géographiques. L’OAPI, l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle, partenaire d’un atelier régional organisé du 25 au 27 octobre à Yaoundé avec le projet Afripi, estime qu’il s’agit pourtant d’une question cruciale pour la libre compétition économique et la protection des producteurs locaux. L’OAPI soutient la mise en place d’indicateurs géographiques dans les pays membres de l’organisation, soit 17 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. 

Les indications géographiques sont l’un des divers leviers importants sur lequel l’OAPI s’appuie pour contribuer efficacement au développement économique de ses Etats membres.

Denis Bohoussou, Directeur général de l’OAPICôte d’Ivoire

Grâce à la valorisation du savoir-faire traditionnel par le biais des indicateurs géographiques, la FAO, citée par l’Union européenne, révèle par exemple que  le poivre de penja du Cameroun a gagné une prime de 120% sur le marché. Mais la mise en place d’indicateurs géographiques efficaces n’est pas chose aisée. La délégation de l’Union européenne au Cameroun souligne qu’il faut combiner des normes de production, l’organisation des collectifs de producteurs, un mécanisme de contrôle efficace avec des comités nationaux; comme l’envisage l’OAPI. 

Ces comités doivent réunir les personnes compétentes des différentes administrations concernées et permettre une coordination efficace des politiques, une garantie de ce que les efforts des producteurs locaux pour s’organiser afin de fournir un produit de qualité supérieure, s’inscrivent dans une stratégie nationale plus large pour le développement des économies nationales ou de l’économie régionale, puisque vous appartenez tous à des zones économiques en Afrique. Il y a la ZLECAf qui va se développer et donc là aussi il y a un enjeu de développement et d’intégration régionale.

Jean-Marc Châtaigner, Ambassadeur de l’UE auprès de la République du CamerounFrance

La ZLECAf vise à stimuler le commerce intra-africain de 52,3% d’ici 2025, contre environ 15% aujourd’hui. Le commerce intra-Etats est estimé à 58 % en Asie et en Europe à 67% actuellement. Dans l’Union européenne en particulier, les consommateurs, soumis à un trop plein de produits industrialisés et de basse qualité, se tournent de plus en plus vers des produits répondant à des normes de qualité minimales et sont prêts à payer le prix pour ces produits. Le Projet Afripi, Droits de propriété intellectuelle et innovation en Afrique, partenaire de l’OAPI pour la mise en place d’indicateurs géographiques en Afrique, est financé par l’Union européenne.

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