L’industrie du cacao est un marché très lucratif, qui représente plus de 100 milliards de dollars annuels selon l’Association Cocoa Abrabopa (CAA) au Ghana. Seulement ses producteurs perçoivent à peine 6 % dans cette exploitation. Le cacao qui occupe près d’un million d’agriculteurs en Côte d’Ivoire, selon les données officielles, connaît des initiatives innovantes afin d’améliorer les revenus des cacaoculteurs et assurer ainsi la pérennité. Des démarches qui peine à suivre la tendance de la hausse des prix.
L’obtention d’un revenu adéquat pour les producteurs est désormais une préoccupation centrale dans la filière cacao, principalement en Côte d’Ivoire et au Ghana, qui sont les deux principaux pays producteurs au monde. Ayant pris conscience de la situation, les deux gouvernements ont instauré le Différentiel de revenu décent (DRD) en octobre 2020, une prime de 400 USD/tonne de cacao vendue entièrement reversée aux producteurs.
“ je crois qu’il est important de garder à l’esprit que, aujourd’hui les prix payés au producteurs de cacao sont très bas et ne sont pas suffisants pour atteindre un revenu décent”.
Michel Arrion, Directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao – Belgique
L’objectif premier du DRD est de mettre fin à la pauvreté persistante des cacaoculteurs et de les protéger contre les fluctuations des prix mondiaux de l’or brun. Toutefois, dans un contexte actuel de hausse des prix, les agriculteurs sont désavantagés par les accords de prévente à des tarifs très réduits. Et ne profitent donc pas pleinement de la hausse des prix mondiaux et reçoivent des revenus moindres.
“On demande aux gouvernements de travailler ou d’intervenir ou d’influencer les prix d’une façon ou d’une autre. Ce n’est pas une aberration de dire ça ou que de demander ça! Si on réfléchit un peu, l’Europe ou les États-Unis ont toujours subventionné leur agriculteurs depuis 50 ans de plusieurs façons différentes”.
Michel Arrion, Directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao – Belgique
De nombreux cacaoculteurs camerounais, ivoiriens et ghanéens, face à cette conjoncture défavorable, sont contraints de recourir au trafic illicite de leurs fèves vers des nations avoisinantes avec pour objectif d’avoir une meilleure rémunération.
“Je vois que notre régulateur entre dans des contrats à terme afin de protéger les agriculteurs mais les prix ne font qu’ augmenter alors qu’il n’y a pas de cacao à vendre pour que les agriculteurs en profitent”.
Leticia Yankey, Directrice de Cocoa Mmaa Cooperative – Ghana
L’Afrique, qui représente plus de 75% de la production mondiale de cacao, aspire à mieux contrôler ce marché dominé par d’autres grandes puissances. Dans ce but, le Conseil International du Cacao a lancé au Cameroun, le 10 avril 2025, le projet pilote de la Bourse Africaine du Cacao. Ainsi, l’objectif avec la bourse du cacao en Afrique est de réajuster les bénéfices, en particulier entre les producteurs, perçus comme le maillon le plus faible de la chaîne, et les industriels.