La France n’a plus de présence militaire au Sahel. En effet, l’armée française a rétrocédé, le 30 janvier 2025, sa dernière base à l’armée tchadienne, la base Adji Kosseï de N’Djamena, marquant ainsi la fin définitive de la présence française sur le sol tchadien après plus de cinquante ans. Les autorités tchadiennes et la population ont salué le respect du délai de départ définitif des contingents français du Tchad fixé au 31 janvier 2025.
Les derniers soldats français ont quitté le 30 janvier 2025 le territoire tchadien en application de la rupture des accords de coopération militaire entre les deux pays. Selon un communiqué de l’état major tchadien, les trois bases de contingents français ont été officiellement rétrocédées à l’armée tchadienne marquant ainsi la fin de la présence militaire française au Tchad. Ce départ complet et sans incident a été salué par les autorités et les populations.
« Distingués invités, chers compatriotes, ce 31 janvier 2025. Ainsi, le retrait définitif et complet des forces françaises stationnées au Tchad. C’est au bas mot un nouveau lever de soleil au sud d’un Tchad entièrement souverain et résolu à assumer son destin.»
Mahamat Idriss Deby, Président de la République – Tchad
Selon les autorités, ce transfert effectif des bases marque une étape significative, permettant au Tchad de reprendre pleinement le contrôle de son dispositif de défense et d’ouvrir une nouvelle page de son histoire sécuritaire et stratégique. Le départ des troupes françaises met un terme à une présence militaire qui dure depuis plus de cinq décennies.
«On ne peut pas accepter que notre pays soit toujours le porte-avions de l’armée française qui passe son temps à utiliser le Tchad comme le point de départ de tout ce qui a comme déstabilisation sur le continent. C’est à partir du Tchad qu’on a fabriqué la guerre de Biafra et c’est l’armée française. C’est à partir du Tchad qu’on a renversé les présidents comme Bokassa. C’est à partir du Tchad qu’on fait tout le désordre»
Serge Manasse Gotingar, Analyste politique – Tchad
Le Tchad était le dernier point d’ancrage de la France au Sahel, où Paris a compté jusqu’à plus de 5 000 militaires dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane, stoppée fin novembre 2022. Depuis, quatre autres anciennes colonies françaises – le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso ont enjoint à Paris de retirer son armée de leurs territoires, où elle était historiquement implantée. Les changements en Afrique ne se limitent pas au Tchad, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. D’autres pays ont exprimé leur intention de réexaminer leur relation avec la France en termes de présence militaire.Le Sénégal et la Côte d’Ivoire, par exemple, ont annoncé leur intention de mettre fin au stationnement des troupes françaises sur leur territoire dans les années à venir.
«Le Tchad est resté dans un accord qu’il n’a pas décidé de signer et qu’on lui a imposé au lendemain des indépendances. Le Président Tombalbaye avait dénoncé, on l’a fait assassiné. Le Président Malloum a renvoyé l’armée française, on a provoqué une guerre civile. Habré a commencé à tourner le dos aux français, ils ont déclenché une rébellion. Aujourd’hui on ne peut plus rester dans cette peur permanente que la France inspire à partir de ses bases qu’elle a en Afrique.»
SergeManasse Gotingar, Analyste politique – Tchad
La fermeture des bases étrangères illustre bien une reconfiguration des relations entre le Tchad et ses partenaires internationaux, mettant en avant une volonté affirmée de sa souveraineté en matière de défense.
