Le changement climatique affecte l’agriculture africaine de manière négative par des baisses de rendements des cultures, des sécheresses plus fréquentes et intenses, des inondations, une dégradation des sols et une augmentation des maladies et des parasites. Ces effets sont amplifiés par la dépendance du continent aux pluies, les sols déjà fragiles et la croissance démographique, menaçant l’insécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs.
Le changement climatique frappe de plein fouet l’agriculture africaine, un secteur dont dépendent près de deux tiers de la population active. Selon la FAO, les rendements ont chuté de 34 % depuis les années 1960, en raison de sécheresses prolongées, d’inondations destructrices et de précipitations devenues de plus en plus imprévisibles. Et cette vulnérabilité est accentuée par un fait majeur : 95 % des terres agricoles du continent dépendent encore exclusivement de la pluie. En 2023, plus de 280 millions d’Africains étaient en situation d’insécurité alimentaire, d’après le Programme alimentaire mondial.
“L’agriculture, c’est vraiment le pin dorsal de l’économie africaine, et surtout de la transformation socio-économique de notre continent. Nous avons presque 60% de notre population qui vit dans le monde rural. Si on regarde le format, qui sont les agriculteurs africains ? La plupart d’eux sont des gens vulnérables, ils n’ont pas accès ni à la terre, ni aux finances.”
Josefa Sacko, Commissaire de l’Union africaine pour l’Agriculture, le Développement rural, l’Économie bleue et l’Environnement durable – Angola
L’agriculture représente pourtant un pilier de l’économie africaine, contribuant à environ 23 % du PIB et employant plus de 60 % des habitants, selon la Banque mondiale. Mais ce secteur vital souffre d’un sous-financement chronique : les États africains y consacrent en moyenne moins de 5 % de leur budget, loin de l’objectif de 10 % fixé lors du sommet de Maputo.
“, ça pose un problème. L’agriculture africaine fait face à de nombreux défis qui sont assez souvent rappelés. Les effets du changement climatique, si on vous dit que 25% des terres agricoles en Afrique sont dégradées, et cette dégradation continue toujours.”
Astou Diao Camara, Directrice du Bureau d’Analyses Macroéconomiques de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles – Sénégal
Résultat : les agriculteurs ont un accès limité aux semences, à la technologie et aux services de conseil, tandis que les infrastructures restent insuffisantes, provoquant d’importantes pertes après récolte. Si rien ne change, certaines cultures de base comme le maïs, le sorgho ou le mil pourraient chuter de 50 % d’ici 2050.
“C’est un des piliers de la production agricole qui est aujourd’hui une contrainte majeure pour les producteurs. Le climat financier cible peut offrir aux femmes des bonnes occasions de débloquer des financements pour s’adapter aux répercussions du changement climatique. Par exemple, mettre des projets visant à renforcer la résilience climatique des communautés agro-pascolaines.”
Lucie Mujinga, Présidente de l’Association des communes de Lubumbashi – RD Congo
Pourtant, avec une population en forte croissance et un potentiel naturel immense, l’Afrique pourrait, de l’avis de certains experts, devenir un acteur clé de la sécurité alimentaire mondiale si des réformes et des investissements massifs sont réalisés dans le secteur agricole.