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Afrique : l’avenir de l’AGOA menacé pour l’Afrique du Sud

African Union Journal : l’avenir de l’AGOA menacé pour l’Afrique du Sud

Le froid diplomatique qui s’est installé entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud représente une menace pour l’économie sud-africaine dont les exportations vers ce pays d’Amérique du Nord ont atteint les 3,6 milliards de dollars en 2023. Alors que le président américain Donald Trump a chargé son gouvernement d’aider les Afrikaans victimes d’allégations de discrimination raciale, notamment en les réinstallant aux États-Unis en tant que réfugiés, l’organisation de défense des droits civiques AfriForum a affirmé le 8 février 2025 lors d’une conférence de presse qu’ils ne quitteraient pas l’Afrique du Sud. A la suite de ces évenements, Donald Trump a publié un décret gelant l’aide des Etats-Unis à l’Afrique du Sud citant la loi sur l’appropriation des terres récemment adoptée par le pays et les accusations de génocide contre Israël.

Entre l’Afrique du Sud et les Etats-Unis, les tensions se sont exacerbées ces dernières semaines à la suite de la promulgation par le président Cyril Ramaphosa d’une loi controversée sur l’expropriation, qui permet la saisie de terres sans indemnisation pour des raisons d’intérêt public. Donald Trump a accusé le Président sud-africain de mener une campagne de discrimination raciale contre la minorité blanche afrikaner. Dans la foulée, il a nié les accusations de génocide contre Israël formulées par Pretoria devant la Court internationale de Justice. Des évènements qui ont conduit au gel de l’aide en direction de ce pays d’Afrique australe qui pourrait aussi ne plus bénéficier de l’AGOA qui permet aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’exporter plus de 1 700 produits vers les États-Unis sans droits de douane. En réponse, Cyril Ramaphosa  a indiqué qu’il ne se laisserait pas intimider.

«Nous ne nous laisserons pas décourager. Nous sommes, en tant que Sud-Africains, un peuple résilient, et nous ne nous laisserons pas intimider. Nous parlerons d’une seule voix pour défendre nos intérêts nationaux, notre souveraineté et notre démocratie constitutionnelle ».

Cyril Ramaphosa, Président de la RépubliqueAfrique du Sud

En cas de non-renouvellement de l’AGOA, l’African Growth and Opportunity Act, l’expiration de l’accord étant prévue pour septembre 2025, l’Afrique du Sud pourrait essuyer des pertes considérables pour son économie qui a bénéficié de 3,6 milliards de dollars en 2023 grâce à ses exportations vers les Etats-unis principalement dans le domaine de l’agriculture. C’est ce qui ressort du rapport intitulé «2024 Biennial Report on Implementation of the African Growth and Opportunity Act». En effet, sur les 622 millions de dollars d’exportations agricoles de l’Afrique du Sud vers les États-Unis en 2022, 72 % ont été réalisés dans le cadre de l’AGOA, les principales denrées ayant été les agrumes, les noix, le vin et le raisin. Des produits issus pour l’essentiel de fermes agricoles commerciales détenues par l’Etat et les agriculteurs afrikaners.

«Nous avons appelé le gouvernement à prendre ses responsabilités pour ce qui ne va pas dans le processus de restitution. Nous avons vu de la corruption, nous avons vu des terres données à des personnes liées au parti au pouvoir et nous avons vu un chaos administratif à cet égard.»

Kallie Kriel, Directeur général de l’association AfriForumAfrique du Sud

La terre est un sujet délicat en Afrique du Sud, où la majorité des ressources naturelles sont entre les mains d’une minorité de Blancs. Même après l’apartheid, les Afrikaners, (un groupe ethnique sud-africain composé de descendants de colons néerlandais et d’autres Européens) ont continué à posséder la grande majorité des fermes commerciales du pays, qui produisent la majorité de la nourriture.

«Nous sommes devenus un peuple ici. Nous devons également veiller à ce que notre culture soit transmise aux générations futures, ce qui ne peut se faire à l’étranger. Sur le long terme c’est un risque réel d’acculturation si vous allez dans un autre pays.»

Kallie Kriel, Directeur général de l’association AfriForumAfrique du Sud

Selon les experts, l’Afrique du Sud n’a pas tant à craindre de la rupture commerciale avec les Etats-Unis. En effet, elle peut déplacer ses exportations essentielles en  métaux et denrées agricoles vers des marchés alternatifs. Le pays peut ainsi riposter en imposant des droits de douane ou en redirigeant le commerce vers les BRIC

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