De l’avis des experts, le développement des paiements numériques en Afrique, combiné à une économie d’échelle, permettra de dépasser le niveau de commerce intercontinental estimé à 18% par l’Organisation Internationale du Commerce. Cependant, des obstacles majeurs freinent l’inclusion financière numérique du continent et donc la mise en œuvre de la ZLECAf. Il s’agit en l’occurrence du manque d’interopérabilité des systèmes de paiement numériques, en particulier pour les petits et micro-commerçants qui dominent l’économie africaine aux confins des frontières terrestres.
Miser sur le potentiel du numérique pour accélérer le commerce intra-africain. C’est l’un des objectifs des responsables de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). En partenariat avec la Commission de l’Union Africaine, Smart Africa et l’Alliance Better Than Cash, le secrétariat de la ZLECAf a lancé un appel à l’action sur l’inclusion financière numérique pour le succès du marché africain unique.
«C’est ce que nous entendons par paiements numériques responsables, qui sont maintenant intégrés dans le protocole sur le commerce numérique, qui font partie des stratégies nationales comme les National Smart Trend Goals de Rhonda qui ont été lancés en 2000. En tant que continent, nous sommes sur le point de nous rassembler pour faire avancer les choses grâce à la mise en œuvre de la ZLECAf, qui examine comment nous achetons et vendons les uns avec les autres, comment ce beau tissu, ces marchandises en provenance d’Égypte, iront de l’Égypte à tout le monde.»
Nshuti Mbabazi, Responsable Plaidoyer Afrique, Better than Cash Alliance – Rwanda
La dimension numérique est forte au sein de la Zlecaf, comme le démontre son article 3 fixant l’objectif d’une « Afrique intégrée, prospère et pacifique, telle qu’ énoncée dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine». En effet, celle-ci doit « permettre d’accélérer le processus d’intégration économique » de l’Afrique, notamment grâce à « la promotion du e-commerce et du paiement numérisé », qui permettront « l’accroissement des échanges commerciaux intra-zones », ainsi que « l’amélioration de l’accès au marché continental africain pour les acteurs extérieurs » et donc, la mise en place d’une réelle « économie digitale » sur le continent. Cependant, l’utilisation récurrente de monnaies tierces dans les paiements commerciaux transfrontaliers fait peser une charge importante sur les réserves de change nationales, ce qui entraîne des retards dans les règlements et une diminution des bénéfices pour les petits et les micro-commerçants.
«Je veux parler de M-Pesa qui est l’une de ces innovations significatives qui peut également nous aider, et inciter d’autres pays africains à commencer à commercer les uns avec les autres, parce que là où il y a des échanges commerciaux, on parle aussi de moyen de paiement. La question est quel est le mode de paiement acceptable ?»
Susan Auma Mang’eni, Ministère du Développement des micro, PME
En 2020, la Société financière internationale et Google ont estimé que l’économie numérique africaine pourrait atteindre 180 milliards USD d’ici à 2025, soit 5,2 % du PIB du continent. D’ici à 2050, sa contribution potentielle anticipée pourrait atteindre 712 milliards USD, soit 8,5 % du PIB. De plus, si le taux de pénétration de l’internet et des mécanismes de protection cybernétiques en Afrique sont considérablement améliorés, l’économie numérique pourrait créer 140 millions d’emplois et ajouter 2 200 milliards USD au PIB de l’Afrique d’ici 2035.
«Avec la possibilité d’être en ligne, de faire des transactions numériques, ils forment des garanties numériques avec lesquelles ils peuvent accéder au financement pour faire du partage mobile.»
Nshuti Mbabazi, Responsable Plaidoyer Afrique, Better than Cash Alliance – Rwanda
A date, seuls 28 pays africains disposent de lois sur la protection des consommateurs applicables aux transactions en ligne. Tandis que le taux de pénétration de la 3G et de la 4G est actuellement estimé à 25 %. Ainsi, pour les experts, la construction d’infrastructures numériques adaptées est, par conséquent, essentielle au bon fonctionnement de la ZLECAF.