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Afrique : les dirigeants du continent appellent à venir en aide à Haïti

Afrique : les dirigeants du continent appellent à l'aide pour Haïti

Affranchi de la France depuis 1804, Haïti a célébré, le 1er janvier 2023, ses 219 ans d’indépendance. Englué dans une crise économique séculaire, sécuritaire et politique depuis l’assasinat du président Jovenel Moïse dans l’exercice de ses fonctions en juillet 2021, la situation de la première République noire inquiète, jusque sur le continent africain. A l’initiative de l’ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies, Adama Dieng, des personnalités internationales dont des chefs d’Etat africains, appellent, dans une tribune, la communauté internationale à intervenir pour aider “la plus fragile de la famille des Nations”.            

Des personnalités internationales, à l’instar du chef d’Etat sénégalais Macky Sall ou encore du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, demandent, dans une tribune publiée le 1er janvier, de ne pas abandonner le peuple d’Haïti à ses difficultés actuelles, peuple héroïque dont les ancêtres, jadis soumis en esclavage, acquirent leur liberté au prix du sang en venant à bout des forces du colon français et en proclamant, le 1er janvier 1804, leur indépendance faisant de Haïti la première République noire. Adama Dieng, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies et ancien expert indépendant des Nations unies pour Haïti, est l’initiateur de cette tribune qui comporte les signatures de chefs d’Etat en exercice et d’anciens présidents, d’universitaires, d’artistes, des personnalités de la société civile, des responsables d’institutions des Nations unies. 

“Les héros qui ont permis, par leur courage, l’avènement, il y a plus de deux siècles, de la première République noire; les Boukman, Makandal, Toussaint Louverture, Dessalines, Christophe; ces dignes Africains qui ont fait leur part doivent nous regarder et se dire que les fils et les filles de leur continent mère ne les ont pas oubliés et ont pris leur flambeau pour dire leur solidarité à Haïti. C’est aussi pour cela que l’Afrique appelle à une action décisive.”

Adama Dieng, Ex-Secrétaire général adjoint de l’ONU

Sur l’île d’Hispaniola, dans les Caraïbes, le contraste est frappant entre les deux Etats qui se partagent l’île: d’un côté, la République dominicaine, pourvue d’un un système de santé subventionné, d’écoles publiques, de métro; et de l’autre, Haïti, présentée comme pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, dépourvue de plusieurs infrastructures sociales, en attente d’un nouveau président depuis l’assassinat par un commando de Jovenel Moise en juillet 2021 et en proie aux gangs armés jusque dans la capitale Port-au-Prince. 

“Il faut reconnaître aujourd’hui que des pans entiers du pays sont sous le contrôle de gangs mieux armés que la police, il faut aussi noter qu’il n’y a pas d’armée, la famine affecte à ce jour près de 5 millions de personnes, le choléra est de retour, l’Etat est pratiquement absent. De toute évidence, il faut faire plus et faire vite.”

“Haïti est si importante sur le plan historique, symbolique, culturel et géopolitique. Nous devons beaucoup au peuple haïtien.”

Adama Dieng, Ex-Secrétaire général adjoint des Nations Unies

La corruption des dirigeants est pointée du doigt dans le marasme socio-politique et économique d’Haïti; mais pas seulement. Selon une enquête du New-York Times, diffusée en mai 2022, la France, qui a imposé une dette d’indépendance en 1825, aurait perçu au total l’équivalent de 560 millions de dollars en 70 ans, des ressources importantes pour l’Etat et qui ont plongé Haïti dans la dépression économique dans la foulée de l’indépendance. Les Etats-Unis sont aussi cités dans les difficultés d’Haïti, par l’occupation militaire qui a duré de 1915 à 1934, le vol d’or de la Banque nationale et l’endettement mené pendant ces années d’occupation. 

      

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