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Afrique : réforme du système financier mondial

Afrique : réforme du système financier mondial

Les pays africains demandent une réforme du système financier mondial, critiquant les taux d’emprunt prohibitifs de 20% en moyenne qui leur sont imposés. L’Union africaine plaide pour l’assouplissement de la dette, qui a absorbé 17% des budgets nationaux de pays en 2023. La diversification des partenaires financiers de l’Afrique est considérée comme essentielle pour libérer son plein potentiel économique, notamment pour atteindre les objectifs de résilience climatique et de transition énergétique.

L’Afrique, dont le service de la dette a capté 17% de la dépense publique en 2023, niveau le plus élevé depuis 1999 et en hausse de plus de 50% par rapport à 2022, exige une réforme du système financier mondial. Pour les pays africains, les règles sur les marchés financiers internationaux sont désuets et inéquitables. Ils veulent rompre avec les taux d’emprunt prohibitifs, de 20% en moyenne, qui leur sont imposés.Attirée par le marché des eurobonds depuis la pandémie de covid-19, l’Afrique reste discriminée par des cotes de crédit faibles, de larges écarts de taux d’intérêt et des perceptions négatives des risques d’investissement.

“Marqué par des crises multidimensionnelles, les appels à la réforme de l’architecture financière internationale, les offres de financement inadaptées aux besoins de nos économies et l’existence d’une cinquantaine de monnaies non-convertibles en Afrique, notre continent a véritablement besoin des instruments de financement qui offrent des prestations adaptées à ses réalités, à ses défis climatiques et sécuritaires”.

Lejeune MBELLA MBELLA, Ministre des Relations extérieures Cameroun

19 pays africains sont exposés à un risque élevé de surendettement, plusieurs d’entre eux ayant vu leur dette croître de 30% en moyenne au cours des dix dernières années, selon la Banque mondiale. Lors du forum « G20 Compact with Africa » en novembre 2023, l’Union africaine a plaidé pour l’assouplissement de la dette, l’option de l’annulation ayant été rejetée par les pays occidentaux. Le changement de leadership prévu au FMI en 2025 sera l’occasion de concrétiser ces changements, indiquent des observateurs.

“Près de vingt-trois pays africains sont en situation de crise de la dette et trois d’entre eux ont fait défaut sur leur dette. Ainsi, le Fonds monétaire africain, le mécanisme financier africain seront des points d’ancrage pour la stabilité financière”.

Albert MUCHANGA, Commissaire au Commerce et à l’Industrie de la Commission de l’Union africaine

Depuis plus de 80 ans, le système financier mondial n’a connu aucune évolution majeure. Dans ce contexte, l’Union africaine croit que la libération du plein potentiel économique du continent repose sur la diversification de ses partenaires financiers. C’est notamment le cas pour atteindre les objectifs de résilience climatique et de transition énergétique de l’Afrique. Deux nouvelles émissions de Droits de tirage spéciaux équivalentes à 650 milliards de dollars  chacune de l’Occident sont nécessaires d’ici 2030.

“Nos réserves sont détenues par des banques étrangères, bénéficiant de taux d’intérêt largement négatifs. nous devrions prendre la décision qu’au moins 30% des réserves souveraines de chacun d’entre nous soient effectivement investies dans les institutions multilatérales africaines comme la Banque africaine de développement ou Afreximbank, ce qui renforcerait leurs équilibres, renforcerait leurs capacités à faciliter toujours plus de ressources pour notre développement”.

Nana AKUFO-ADDO, Président de la RépubliqueGhana

Lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui s’est tenu les 22 et 23 juin 2023 à Paris en France, le président kényan William Ruto a lancé un appel pour une meilleure répartition du pouvoir de décision au sein du G20, du G7 et des institutions financières de Bretton Woods et, in fine, une meilleure répartition des ressources.

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