À La Havane au Cuba, les représentants de plusieurs nations, experts et militants ont échangé pendant cinq jours sur les moyens de bâtir des sociétés inclusives. Au menu : reconnaissance, justice et développement pour les personnes d’ascendance africaine ; la voie vers une lutte plus efficace contre le racisme.
Au centre des préoccupations durant les travaux de la conférence internationale de la décennie des afro-descendants figure en bonne place, la réparation historique des injustices subies par les peuples africains à travers l’histoire, notamment celles liées à l’esclavage et à la traite transatlantique. D’après les estimations de l’UNESCO, cette traite a déraciné 15 à 20 millions d’Africains qui ont été séquestrés et trainés de force dans les Amériques et les Caraïbes.
« En effet, le racisme comme vous le savez plonge ses racines dans les siècles de domination, d’asservissement et d’exploitation des fils et des filles d’Afrique et des personnes ayant des origines africaines.»
ROBERT DUSSEY, Ministre des Affaires étrangères – Togo
La résolution du problème de racisme dans le monde nécessite des approches multisectorielles et collaboratives. Mais d’abord, une exploration des causes profondes de ce grand drame de l’humain s’impose. Selon le ministre togolais des affaires étrangères, présent aux assises, pour plus de cohérence dans les actions à entreprendre, tout doit partir du courage et de la volonté des africains de s’affranchir du complexe d’infériorité. Un changement de mentalité est plus que nécessaire.
« On peut prendre des décrets, on peut prendre des décisions, mais si les mentalités n’ont pas été changées, si on continue à apprendre aux bébés, aux enfants des autres peuples qui sont plus supérieurs aux noirs, si on continue à apprendre aux enfants des autres nations qui se prennent pour le centre du monde, qui se prennent pour le nombril du monde, qu’ils sont plus supérieurs que les autres peuples, qu’ils sont plus supérieurs que le noirs, qu’ils sont plus supérieurs que l’africain, le problème ne sera pas réglé.»
ROBERT DUSSEY, Ministre des Affaires étrangères – Togo
Mettre fin au racisme est un processus complexe nécessitant une implication collective et soutenue, avec pour bras séculiers, la force des institutions africaines et la contribution de la société civile.
« D’abord il faut utiliser le levier institutionnel. Nous avions l’Union africaine, nous avions les institutions sous régionales comme la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, la SADC en Afrique australe, la CEMAC ou la CEEAC en Afrique centrale, l’IGAD en Afrique de l’Est. Il faudrait utiliser, comme je disais, l’Union africaine et les institutions sous-régionales comme premier levier. De deux, maintenant, il faut une mobilisation de la société civile, la société civile doit jouer un rôle important.»
ROBERT DUSSEY, Ministre des Affaires étrangères – Togo
La conférence de La Havane a posé les bases d’une réflexion collective sur un problème global. Réaffirmant ainsi la nécessité d’actions concrètes pour éradiquer le racisme sous toutes ses formes et promouvoir une justice véritablement universelle. Un appel à l’action, mais aussi un espoir renouvelé pour des millions de personnes à travers le monde.