En Afrique, le choléra continue de faire des ravages. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes sont touchées, principalement dans les régions les plus vulnérables du continent. Mais une lueur d’espoir se dessine : un vaccin contre le choléra entièrement produit en Afrique entre en phase d’essai clinique. Cette initiative pourrait non seulement sauver des vies, mais aussi marquer un tournant historique pour l’autonomie sanitaire du continent.
En Afrique, le choléra reste une menace persistante. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes sont touchées, principalement dans les régions les plus vulnérables. En 2023, plus de 225 000 cas ont été signalés dans 21 pays du continent, provoquant plus de 3 000 décès, selon l’Organisation mondiale de la santé. Cette année, déjà plus de 115 000 cas et 2 400 décès ont été enregistrés, notamment au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo, en Angola et au Soudan. Pour ces populations, le choléra n’est plus seulement un problème de santé, mais une crise humanitaire récurrente.
Le projet de vaccin contre le choléra, une fois qu’il sera homologué, est important pour l’Afrique du Sud, même si ce pays ne connaît que de petites épidémies de choléra. Il a deux objectifs.Le premier objectif est de nous préparer aux épidémies et aux pandémies. Même si nous n’avons pas une grande épidémie de choléra, nous devons être prêts pour les pandémies et les épidémies. Ainsi, lorsque la prochaine pandémie surviendra, ce projet constituera un véritable test pour savoir si nous pouvons développer des produits à partir de zéro et être prêts pour les pandémies. C’est le premier objectif.
Morena Makhoana, Directeur général Biovac
Mais un vent d’espoir souffle sur le continent. En Afrique du Sud, le laboratoire Biovac a lancé un vaccin contre le choléra entièrement produit sur le continent. Ce vaccin oral, développé en partenariat avec l’International Vaccine Institute et soutenu par la Fondation Gates et le Wellcome Trust, est aujourd’hui en phase d’essai clinique. Les tests menés à l’Université de Witwatersrand visent à en confirmer la sécurité avant des essais plus larges à travers le pays. Si tout se passe comme prévu, le vaccin pourrait être disponible dès 2028.
Construire une capacité locale de fabrication de vaccins n’est pas un luxe, c’est une nécessité nationale. Cela renforce notre souveraineté, améliore notre sécurité sanitaire et garantit que notre population n’est pas laissée pour compte.
Aaron Motsoaledi, Ministre de la Santé – Afrique du sud
Au-delà de la santé, ce vaccin représente une véritable avancée pour l’autonomie sanitaire africaine. Produire ses propres vaccins permet au continent de réduire sa dépendance aux importations et d’accélérer l’accès aux populations les plus exposées. Mais les défis restent considérables : il faudra démontrer l’efficacité du vaccin, assurer sa production à grande échelle et poursuivre les efforts en eau, assainissement et infrastructures de santé.
Le second objectif est que ce produit sera destiné aux régions où le choléra représente un risque pandémique.
Aaron Motsoaledi, Ministre de la Santé – Afrique du sud
Pour l’Afrique, ce vaccin symbolise bien plus qu’une innovation médicale. Il incarne la capacité du continent à trouver ses propres solutions face aux crises sanitaires. Si les essais sont concluants, il pourrait sauver des milliers de vies, limiter les épidémies de choléra et marquer un tournant historique vers une véritable souveraineté vaccinale. Une étape majeure qui pourrait transformer la lutte contre une maladie qui frappe depuis trop longtemps les populations les plus fragiles.