La Banque Africaine de développement BAD qui fête ses 60 ans cette année entend jouer son rôle pour faire avancer le dossier de la réforme de l’architecture financière mondiale, afin que les besoins de l’Afrique soient davantage pris en compte. Au cœur des récentes assemblées annuelles de l’institution financière africaine qui se sont tenues à Nairobi en mai 2024, un thème crucial a émergé : la nécessité urgente de réformer l’architecture financière mondiale. Les discussions et les débats passionnés parmi les acteurs financiers mondiaux ont mis en lumière les défis pressants qui nécessitent une action concertée.
La récente crise économique et financière mondiale a mis en évidence les insuffisances et les incohérences de la structure financière actuelle. Les faiblesses systémiques , la volatilité des marchés et les disparités croissantes entre les économies développées et en développement ont souligné l’urgence d’une réforme profonde et équilibrée. Lors de la conférence de la BAD , les experts et les décideurs politiques réunis à Nairobi, au Kenya , ont convenu de la nécessité d’ une action immédiate concernant les réformes de l’architecture financière mondiale.
“Il me paraît plus urgent de travailler à une réforme profonde de gouvernance internationale afin de proposer et d’adopter des solutions pertinentes pour les pays confrontés aux problèmes de notation souveraines, de l’endettement excessif, des effets de changement climatique, de l’évasion fiscale et des fluxs illicites, du renforcement des banques multilatérales et j’en passe. Pour défendre l’intérêt de l’Afrique dans ces domaines, il me paraît logique d’inviter toutes les institutions financières africaines ici présentes et même celles qui sont absentes à accompagner l’Union africaine dans ces mouvements de basculement des équilibres économiques et financiers mondiaux.”
Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine – Tchad
Faisant simultanément face à un accroissement inédit de la pauvreté et des inégalités, à un endettement historique et aux catastrophes climatiques et sanitaires, les pays africains sont en droit d’attendre que leurs voix soient entendues et leurs besoins satisfaits.
“Nous constatons qu’il y a d’énormes ressources dans ce monde mais équitablement réparties de sorte que l’Afrique doit revoir sa copie. Nous savons que dans ce contexte mondial, les pays travaillent pour leurs propres intérêts. les intérêts de l’Afrique et ceux des pays de notre continent doivent être pris en compte en commençant par nous-mêmes. Nous parlons souvent d’une seule voix, il faut que cette voix soit forte, claire et efficace pour que cela se produise. “
Paul Kagame, Président de la République – Rwanda
Des appels ont été lancés en faveur d’ une plus grande transparence financière , de mécanismes de régulation plus efficaces et d’ une coopération plus étroite entre les institutions financières internationales.
“Je pense notamment à l’épineuse question de la réforme des institutions de Bretton Woods, la réforme de mécanismes de la dette, du financement du changement climatique et du système fiscal international notamment au regard des développement en cours en vue de l’adoption d’une convention cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale.“
Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine – Tchad
Face à tous les challenges d’un continent qui devrait réaliser les objectifs de développement durables (ODD) des Nations Unies d’ici 2030 et pour lesquels les besoins de financement annuels s’élèvent à 194 milliards de dollars par selon l’OCDE, la BAD s’est engagée à jouer un rôle moteur dans ce processus de réforme. Des initiatives concrètes, telles que des partenariats stratégiques avec d’autres institutions financières régionales et internationales, ont été annoncées pour renforcer l’architecture financière mondiale et promouvoir la stabilité économique mondiale.