Au Cameroun, les fêtes de fin d’année pourraient être difficiles pour de nombreuses familles au revenu modeste à cause de la hausse continue des prix des denrées de première nécessité, hausse due en partie à la spéculation selon les pouvoirs publics. L’inflation, déjà grandissante ces derniers mois, ne devrait pas s’améliorer. C’est la raison pour laquelle le ministre du Commerce interpelle les producteurs de pain, de produits avicoles et de ciment pour qu’ils réduisent les prix de vente de leurs produits.
L’augmentation du prix de certaines denrées alimentaires et du ciment pèse sur les familles à revenu modeste, dans un contexte où le salaire minimum est de 60 000 FCFA. Pour inverser cette tendance, dans une correspondance datée du 19 octobre 2023, adressée au président de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), le ministre du Commerce appelle à une prise en compte des intérêts et droits légitimes des consommateurs, à travers la baisse, à due hauteur, du prix du poulet et des œufs de table dans les marchés. Le Mincommerce critique la spéculation et relève en effet que le prix du maïs est passé de 310 FCFA à 200 FCFA. Parallèlement, le son de blé, qui s’échangeait sur les marchés à 150 000 FCFA la tonne, se vend depuis trois semaines à 70 000 FCFA, soit une baisse de 53%. Dans la foulée, le Mincommerce a saisi le président du syndicat des boulangers du Cameroun pour lui signifier l’obligation d’une baisse significative et immédiate des prix du pain et des produits panifiés.
“Nous sommes face à une crise qui nous est imposée de l’extérieur. Cette crise est due à la hausse exponentielle, à la flambée des prix des produits de matières premières ”.
Luc Magloire Mbarga Atangana, Ministre du Commerce – Cameroun
Entre autres chiffres qui illustrent un refroidissement du marché, la tonne d’huile de palme coûte autour de 560 000 Fcfa, contre plus 980 000 Fcfa avant la fin de 2022. Et pourtant, les produits de la chaîne de valeur de cet oléagineux, à l’instar des huiles végétales et des savons, n’ont pas baissé sur le marché camerounais. La bouteille d’un litre d’huile végétale, par exemple, coûte 1500 Fcfa contre 1000 Fcfa avant la survenue du Covid-19.
“Nous connaissons un déficit de plus de 160 000 tonnes d’huile de palme brute. Nous avons une production nationale qui tourne autour de 400.000 tonnes avec une demande d’un million 600.000 tonnes. Sa rareté explique l’inflation ”.
Jacquis Kemleu, Association des raffineurs des oléagineux (ASROC) – Cameroun
Au cours des dernières semaines, les industries du secteur de la cimenterie ont annoncé avoir revu à la baisse le prix du ciment, sans préciser à quel taux. Luc Magloire Mbarga Atangana vient également de saisir le président de l’Association des producteurs de ciment, pour lui demander de lui communiquer en urgence les nouveaux prix, afin de lui permettre de s’assurer qu’ils “ sont dûment répercutés par le circuit de distribution au niveau du consommateur final”, en proie à une inflation galopante depuis trois années consécutives.