Le choléra continue de frapper durement plusieurs régions d’Afrique, exposant les vulnérabilités des infrastructures sanitaires. Face à cette résurgence, les approches traditionnelles montrent leurs limites. Pourtant, la santé numérique ouvre de nouvelles perspectives pour accélérer la détection, la prévention et la gestion des épidémies. L’Afrique innove pour transformer ce défi sanitaire en opportunité.
Depuis 2023, le choléra refait surface à grande échelle sur le continent africain. Plus de 800 000 cas et près de 6 000 décès ont été enregistrés en 2024, une résurgence dramatique alimentée par les inondations, les conflits armés et les déplacements de population. Les pays les plus touchés sont souvent ceux dont les infrastructures d’eau et d’assainissement sont défaillantes. Sans réponse rapide et coordonnée, la maladie, de l’avis des experts, menace des millions de vies.
Plusieurs pays africains se mobilisent financièrement pour soutenir le CDC Afrique dans sa mission de santé publique. En plus de l’Angola, des pays comme le Maroc et la République Démocratique du Congo ont pris des engagements significatifs, avec respectivement 2 et 5 millions de dollars.Dans un contexte d’augmentation des capacités de développement en santé, il devient crucial pour les États membres de renforcer leur soutien financier et politique à nos institutions de santé publique.
Dr Ngashi Ngongo, Conseiller principal du DG d’Africa CDC
Face à l’urgence, les stratégies classiques : vaccination, traitement, eau potable restent fondamentales. Mais la pénurie mondiale de vaccins freine les ripostes. En 2023, seulement 36 millions de doses étaient disponibles, deux fois moins que les besoins estimés par l’OMS.
Face aux épidémies de choléra, les défis restent nombreux : pénurie de vaccins, infrastructures sanitaires limitées, et absence de systèmes d’alerte précoces efficaces.
Pour améliorer la riposte, la stimulation de la santé numérique est essentielle, notamment en renforçant la collecte rapide et fiable des données, ce qui permet une détection précoce et une meilleure coordination des interventions. Ainsi, la digitalisation devient un levier clé pour sauver des vies et contenir les foyers avant qu’ils ne s’étendent.
Dr Wessam Mankoula, Directeur régional du RCC pour l’Afrique du Nord
Dans plusieurs pays, la technologie prend le relais. Au Nigeria, la plateforme SORMAS permet de suivre en temps réel l’évolution des cas de pathologie. Télémédecine, SMS de prévention, réseaux sociaux : les outils numériques s’imposent comme de puissants alliés de la riposte.
L’objectif est d’améliorer les outils numériques, de renforcer la distribution des services, ainsi que d’améliorer l’accès, l’abordabilité et la qualité des soins. Cela inclut, par exemple, la digitalisation des dossiers patients et la mise en place de systèmes intégrés permettant un meilleur suivi et une réponse adaptée aux besoins de santé au niveau des points d’accès.Une autre priorité importante est le développement des compétences numériques. On peut déployer de nombreux outils et technologies auprès des populations, mais si elles ne sont pas préparées et formées à leur utilisation, les bénéfices risquent de ne pas se faire sentir.
Jean Philbert Nsengimana , Conseiller numérique en chef de Africa CDC
Contre les épidémies sur le continent, une vision plus intégrée s’impose. Le Plan d’action pour la santé numérique, lancé par l’Union africaine en 2023, veut harmoniser les efforts à l’échelle continentale, en misant sur les partenariats, la formation et le financement durable. Ceci dans le but de permettre au continent de s’adapter et construire une riposte sanitaire tournée vers l’avenir.