Les violences, la crise économique, le changement climatique et la diminution de l’aide humanitaire sont parmi les facteurs qui favorisent l’insécurité alimentaire. La flambée de l’inflation et les dévaluations monétaires dans des pays comme le Nigeria font augmenter la pauvreté et les prix. Au Sahel, les sanctions économiques et la fermeture des frontières aggravent la situation de malnutrition dans laquelle des millions de personnes se trouvent. Pour changer cette situation, partout sur le continent des stratégies d’investissement et d’innovation germent.
Si de nombreux progrès ont été réalisés en Afrique pour lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes, le rapport mondial de 2023 sur la nutrition indique que les taux de malnutrition en Afrique restent préoccupants. Les données indiquent que plus de 61 millions d’individus souffrent de complications liées à la malnutrition, soit 30,7 % d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance en Afrique et plus de 40 % des femmes en âge de procréer sont atteintes d’anémie. Dans la Région africaine de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 7,3 millions d’enfants ont souffert d’émaciation en 2019 principalement dans la Corne de l’Afrique et les pays du Sahel. Une situation d’insécurité alimentaire aggravée par le changement climatique et les conflits pour laquelle les experts souhaitent des plus d’investissements pour garantir l’autosuffisance alimentaire.
“Les États membres doivent adopter des politiques plus fortes et accroître le financement de la nutrition afin de relever le défi de la malnutrition et d’assurer l’avenir de nos enfants.”
Ntsokoane Samuel Matekane, Premier ministre – Lesotho
Pour d’autres leaders africains, il ne s’agit seulement d’investir pour lutter contre la malnutrition sous l’égide d’un ministère mais de créer une ligne de financement indépendante pour accélérer les progrès à l’horizon 2025 afin que le continent atteigne les objectifs de Malabo dont l’un des objectif est d’atteindre 10% de financement public dans l’agriculture et le triplement du commerce intra-africain des produits et services agricoles.
“Il est nécessaire d’augmenter les financements car lorsque l’on regarde les financements destinés à la lutte contre la malnutrition, ils sont généralement perdus dans les mains du ministère de l’Agriculture ou du ministère de la Santé. Une fois que c’est le cas, le problème est que lorsqu’il y a d’autres priorités urgentes comme les vaccins ou les médicaments, les fonds destinés à la nutrition sont automatiquement transférés à ces urgences…
Ce que nous avons fait, c’est appeler le ministre des Finances et tous les autres ministères à créer une ligne budgétaire spécifique – pour la première fois dans l’histoire de la Sierra Leone, nous disposons d’une ligne budgétaire spécifiquement consacrée à la nutrition”
Mohamed Juldeh Jalloh, Vice-président de la République – Sierra Leone
L’une des stratégies défendues par les décideurs africains est d’investir dans les mécanismes de résilience climatique. A ce titre, la Banque africaine de développement (BAD) a joué un rôle actif en promouvant un leadership politique de haut niveau avec la Facilité de financement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique (FFFNSA). Une initiative d’un montant d’1 milliard de dollars lancée au troisième trimestre 2023 visant à nourrir 200 millions de personnes en Afrique d’ici 2025.
“Nous avons franchi un cap important grâce à la mise en place de l’usine NutriSud qui contribue en quelque sorte à relever la situation. C’est une usine qui produit des compléments alimentaires grâce à laquelle nous avons constaté une hausse de 30% du taux de scolarisation. ”
Rasata Rafaravavitafika, Ministre des Affaires étrangères – Madagascar
L’une des autres pistes de solutions que les gouvernements africains souhaitent explorer pour lutter contre la malnutrition aujourd’hui est la recherche et l’innovation. A terme, l’objectif est de pouvoir produire des semences améliorées capables de faire face aux chocs climatiques.