L’Afrique, qui représente environ 17% de la population mondiale, compte plus de 50% des décès dus à des maladies transmissibles dans le monde. Moins de 50% d’Africains ont accès aux services de santé essentiels, selon les données officielles. Une situation attribuée en grande partie au manque d’infrastructures de qualité et de ressources humaines dans le secteur de la santé. Face aux défis liés à l’accès aux soins de santé de qualité, les États engagent d’ambitieux projets dans les domaines des infrastructures, des ressources humaines et du financement de la santé.
L’Afrique abrite 1,3% des professionnels de la santé dans le monde, alors qu’elle porte 25% de la charge mondiale de morbidité, selon l’Organisation mondiale de la santé. L’OMS évalue à 6,1 millions le déficit de personnel de la santé sur le continent d’ici 2030. Moins de 50% d’Africains ont accès aux services de santé essentiels. Pourtant, pour les autorités sanitaires, faire de l’accès aux soins de santé de qualité une priorité participe aux efforts d’accélération de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Les défis des systèmes de santé africains reposent essentiellement sur le manque d’infrastructures adéquates et de ressources humaines.
“Selon l’OMS, pour 10 000 habitants, il faut au minimum 23 personnels de santé. On est conscient que le Mali n’en a même pas 10. Par endroit parfois, on n’a même pas 5 personnels de santé pour 10 000 habitants, mais on est en train de développer des stratégies pour que la santé soit au plus proche de nos populations surtout en envoyant des relais communautaires dans les centres de santé communautaires qui sont au plus proche des populations, qui ne sont pas forcément des agents de santé mais qui reçoivent une certaine formation pour pouvoir détecter les patients et les orienter vers les centres de santé les plus proches en cas de besoin.”
Assa Badiallo TOURE, Ministre de la Santé et du Développement social – Mali
La pénurie de professionnels de la santé en Afrique est principalement liée au manque de formation, aux mauvaises conditions de travail et à l’absence de mesures d’incitation. Ces facteurs contribuent à éloigner les professionnels de la santé des régions où les besoins sont les plus importants. Le défi lié au manque d’infrastructures de qualité est notamment attribué à des financements insuffisants et aux conflits. Selon la Banque africaine de développement, les pertes en production de l’Afrique causées par des problèmes de santé sont estimées à environ 2 400 milliards de dollars par an.
“Nous avons des initiatives de mise en place de nouvelles usines de production de médicaments et nous travaillons à faire en sorte que le Burkina soit le plus indépendant possible en matière de production pharmaceutique. Au Burkina Faso, chaque année, nous recrutons au moins 200 à 300 médecins généralistes dans la fonction publique. Dans le pays, chaque année, nous ouvrons des concours professionnels pour des médecins et des pharmaciens spécialisés, autour de 150 à 200. Ce qui fait qu’en termes de ressources humaines, je ne dis pas qu’on a comblé tout le gap, mais c’est vraiment de gros progrès qui ont été faits dans ce domaine. Notre plus gros défi en matière de production des ressources humaines c’est beaucoup plus la répartition du personnel.”
Robert Lucien KARGOUGOU, Ministre de la Santé et de l’Hygiène publique – Burkina Faso
Avec la résurgence des maladies telles que le paludisme, le choléra, le VIH/sida, ou encore la tuberculose ainsi qu’un risque accru de mortalité infantile et maternelle en Afrique, les États réorientent davantage leurs priorités vers la santé. Au Nigéria, par exemple, pays d’Afrique de l’Ouest où environ six personnes sur dix n’ont pas accès à des services de santé primaires de qualité, des projets ont été engagés dans les domaines des infrastructures, des ressources humaines et du financement de la santé. Le gouvernement prévoit notamment un investissement de 3 milliards de dollars pour former 120 000 agents de santé de première ligne en 16 mois et doubler le nombre de centres de santé primaires dans les communautés, passant de 8 800 à plus de 17 000 d’ici 2027.
“Le budget 2024 que nous mettons en œuvre aujourd’hui prévoit l’allocation la plus élevée aux soins de santé de l’histoire de notre pays. Nous inscrivons environ 68 000 infirmières chaque année dans nos écoles. Avant la fin de cette année 2024, nous accueillerons près de 120 000 infirmières dans nos différentes écoles de formation du pays. Nous construisons également 6 pôles d’industrialisation médicale dans chacune des 6 zones géopolitiques de notre pays. Le président a mis en place un comité chargé d’examiner comment nous pouvons améliorer les prestations sociales de nos professionnels de la santé.”
Tunji Alausa, Ministre d’État à la Santé et à la Protection sociale – Nigéria
Les 4,5 milliards de dollars investis chaque année par les gouvernements africains dans les équipements sont largement inférieurs aux 26 milliards de dollars d’investissements annuels estimés nécessaires pour répondre aux besoins en matière de santé au cours de la prochaine décennie, selon des experts. Notant l’importance des soins de santé primaires dans la construction d’un système de santé résilient et intégré en Afrique, des experts affirment que face aux problématiques de la pénurie de médecins et de l’isolement géographique des populations rurales, la télémédecine propose des solutions.