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Guinée : le CNRD présente le bilan socio-économique et politique de la transition après 3 ans

Le bilan de la transition en Guinée, trois ans après le coup d’État du 5 septembre 2021, reste mitigé selon les observateurs. On note des avancées, comme la tenue du procès du massacre du 28 septembre 2009, la relance du gigantesque projet Simandou vision 2040. Cependant, des violations des droits humains, des arrestations de journalistes, la fermeture de médias, l’enlèvement d’activistes, des cas de corruption et de détournement continuent de marquer la gouvernance du CNRD au pouvoir, le Comité national du rassemblement pour le développement. Sur le plan politique des interrogations persistent aussi depuis la publication de l’avant projet de la nouvelle Constitution quant aux ambitions politiques du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Tant de situations qui continuent d’alimenter l’actualité dans ce pays de près de 14 millions d’habitants.

Depuis le début de la transition en Guinée en 2021, les autorités ont promis des séries de réformes économiques, politiques et sociales pour redresser le pays. Ces efforts ont permis des progrès comme dans le domaine des infrastructures, même si les défis majeurs subsistent, notamment en matière de développement socio-économique, de gouvernance politique et de justice sociale. La relance du projet Simandou par exemple, estimé à 20 milliards de dollars américain pour une production de 60 millions de tonnes de fer par an, va contribuer à redresser l’économie nationale. 

“Pour une fois nous mettons en avant l’intérêt de notre pays et c’est pour ça que nous nous battons. Nous sommes convaincus de conduire cette transition dans les normes afin de permettre aux futures dirigeants de notre pays d’avoir un pays assaini, un pays qui, avec ses réalités, s’assume.”

Mamadi Doumbouya, Président de la transition Guinée 

Le respect des droits de l’homme constitue un autre point central de la transition. Depuis le 5 septembre 2021, la répression des manifestations en Guinée a fait au moins 47 morts, d’après un rapport d’Amnesty International publié le 15 mai 2024. Les restrictions sur la liberté d’expression comme la fermeture des principaux médias privés ou la liberté de manifester ont suscité de vives critiques. Des journalistes et des membres de l’opposition ont fait état d’arrestations à cause de leurs prises de position. Et deux des principaux leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) restent aujourd’hui introuvables. Ce qui remet en question les engagements des autorités à respecter les droits fondamentaux. 

“Pendant tout le temps que le CNRD va faire au pouvoir, aucun droit de dire non ou de critiquer sa gestion, aucun droit de conseiller n’est permis à un Guinéen. Il y  a même un communiqué qui interdit toutes manifestation politique pendant tout le long de la transition, sauf pour ceux qui applaudissent et profitent avec la transition contre les valeurs et les principes démocratique du pays” 

Abdoul Sacko, Coordinateur du Forum des forces sociales Guinée

“Vous ne pouvez pas jouer avec le contribuable et vouloir inquiéter les journalistes. Lors de la première rencontre du président de la transition avec la presse, il nous a demandé de faire correctement notre travail, de dénoncer la corruption et qu’on ne serait pas inquiétés. Mais depuis le 10 mai 2022, cette donne a changé.”

Sekou Jamal Pendessa, Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presseGuinée

L’un des principaux objectifs de la transition est la réforme du secteur économique. Mais cette gestion est régulièrement dénoncée par des activistes et des journalistes. Dans les procédures de passation des marchés publics, plusieurs cas de détournement et de corruption sont signalés. A cela s’ajoute l’explosion à Kaloum, en décembre 2023, du principal dépôt de produits pétroliers du pays, qui a fortement affecté l’économie.

Sur le plan politique, les 10 points du chronogramme de la transition sont en cours d’exécution. L’avant-projet de la future Constitution par exemple est déjà élaboré par le Conseil national de la transition. Mais le contenu dudit document laisse des ambiguïtés selon plusieurs observations. Il ne précise nulle part la possibilité ou non pour les autorités de la transition de se présenter aux futures échéances électorales dans le pays, alors que la charte de la transition avait tranché cette question en son article 46. 

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