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Guinée : près de 60 militaires radiés après l’évasion de Dadis Camara

Extrait de prison par un commando armé dans la nuit du 3 au 4 novembre 2023, le capitaine Moussa Dadis Camara est retourné derrière les barreaux le même jour. Le Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry a instruit les parquets de son ressort de saisir sans délai la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale pour des fins d’enquêtes supplémentaires sur l’évasion survenue à la maison d’arrêt de Conakry, en lien avec le procès des massacres du 28 septembre 2009.

Dans un décret signé dimanche 5 novembre 2023, le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya a radié des effectifs de l’armée guinéenne pour “inconduite” les colonels Moussa Thiegboro Camara, Claude Pivi, Blaise Goumou et près de 60 autres militaires et agents de l’administration pénitentiaire. Ces trois officiers et Moussa Dadis Camara, ancien président de la junte s’étaient évadés de prison à Conakry le 4 novembre 2023.

Lorsqu’on constate qu’un ancien chef d’État qui a été condamné par la justice de son pays est libéré par des éléments lourdement armés, on peut soupçonner deux choses: soit il a bénéficié de complicité au sein des forces armées où il a bénéficié d’appui extérieur à travers ce commando. Les enquêtes nous situeront.

Daouda Émile Ouedraogo, politologue – Burkina Faso

Au pouvoir entre 2008 et 2010, Dadis Camara a passé douze ans en exil au Maroc et au Burkina Faso. Autorisé à revenir en Guinée après un nouveau coup d’Etat militaire en 2021, il fait objet  de jugement depuis plusieurs mois, car impliqué dans le procès des massacres du 28 septembre 2009. Une source judiciaire indique qu’il a été exfiltré de prison dans la nuit du 3 au 4 novembre par un commando lourdement armé après des échanges de tirs nourris dans le centre ville, mais incarcéré le même jour.

Mais maintenant il faut évoluer dans l’analyse. Si l’ancien président a pu s’évader, quelque part il faut que les autorités politiques et militaires actuels de la Guinée se remettent en cause et prennent des dispositions pour que ce genre de situations n’arrivent plus.

Daouda Émile Ouedraogo, politologue – Burkina Faso

La Guinée entre dans la deuxième année du procès pour lequel Moussa Dadis Camara est détenu depuis le début des audiences en septembre 2022. Les accusés répondent de meurtres, actes de torture, viols et autres enlèvements commis. Le rapport d’une commission d’enquête mandatée par l’ONU dresse un bilan d’au moins 156 morts, des centaines blessées et au moins 109 femmes violées. Ce procès s’est ouvert dans un contexte où le colonel Doumbouya, a promis après son coup de force de refonder l’Etat guinéen et de remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de deux ans à partir de janvier 2023.

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