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L’Afrique importe 35 milliards de dollars de denrées alimentaires par an

L’Afrique souffre toujours de son incapacité à relever le défi de l’autosuffisance alimentaire pourtant il jouit d’un énorme potentiel agricole qui devrait lui permettre de sortir de la dépendance à l’aide alimentaire et sortir des millions de population de la famine. Une problématique qui a été discutée à la septième édition du Forum africain du leadership à Accra au Ghana. Les politiques du continents mènent des réflexions en vue de libérer le potentiel agricole du continent en promouvant le commerce intra africain.

L’Afrique a connu une augmentation de la productivité agricole moyenne de 13 % par an entre 2015 et 2020. Insuffisant pour relever les défis de son développement. Les perspectives de production agricole, selon les estimations de la BAD, devrait tripler d’ici à 2030 passant de 280 milliards de dollars par an à 1 000 milliards de dollars. L’atteinte de cette perspective passe par l’exploitation optimale du potentiel agricole africain. Il s’agit notamment de lever les obstacles au développement de l’agriculture, mobiliser les investissements nécessaires tout au long de la chaîne de valeur alimentaire mais aussi appliquer les bonnes pratiques.

« Il existe des pratiques exemplaires qui peuvent être transposées à plus grande échelle sur notre continent. Le problème, c’est que nous ne nous réunissons pas et que nous ne tirons pas les leçons qui s’imposent pour créer une capacité de production dans nos pays. Je pense que nous devons investir dans l’agriculture, qui est à la base de tout développement.

Hailemariam Desalegn, Ancien premier ministreEthiopie

L’intégration économico-régionale du continent est un atout qui devrait encourager les efforts en faveur du développement de l’agriculture, une agriculture intensive et industrielle. La zone de libre échange continentale africaine (La ZLECAF) est un outil à même de garantir l’écoulement de production entre les 47 Etats ayant ratifié l’accord sur la ZLECAF. Pour l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, le potentiel agricole africain peut éclore à la condition que le terme agriculture migre en agri-business. L’agri-business a l’avantage de développer la chaîne de valeur de ce secteur, de la préparation des terres à la production en passant par les moyens de production. Cela devrait favoriser l’éclosion d’un secteur plus dynamique et plus productif. 

« Je pense que nous devrions cesser de parler d’agriculture, mais plutôt d’agro-business. Quand on parle d’agro-industrie, on prend tout en compte. Je ne voudrais pas continuer à produire des cultures ou des produits qui iront en Europe pour y être valorisés et renvoyés ici. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, produisent plus de 75 % du cacao dans le monde. L’Afrique du Sud ne produit pas de cacao mais consomme du chocolat. Pourquoi le cacao que nous produisons au Ghana et en Côte d’Ivoire ne peut-il pas être transformé en chocolat et envoyé au Kenya, en Tanzanie et en Afrique du Sud sans passer par la Suisse ?

Olusegun Obasanjo, Ancien chef d’EtatNigeria

L’Afrique compte près de 600 millions d’hectares de terres arables non cultivées. C’est 60% du total mondial des terres arables non cultivées de la planète. Un potentiel qui, bien exploité, devrait permettre de résorber le défis de l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire qui demeure un problème urgent sur le continent noir mais aussi de nourrir la planète et donc de stimuler significativement sa croissance économique. Pourtant, le continent importe annuellement environ 35 milliards de dollars de denrées alimentaires selon la BAD, malgré ce gigantesque potentiel. Une problématique des plus préoccupantes  qui de l’avis de l’ancien premier ministre ethiopien Hailemariam  résulte aussi de la qualité des partenariats qui ne favorisent pas une production  industrielle locale.

« Nos partenaires ne devraient pas apporter que de l’aide alimentaire, ils devraient nous aider à produire et à augmenter notre capacité de production. Vous pouvez voir que des milliards et des milliards de dollars sont investis dans l’aide alimentaire, l’aide d’urgence et toutes sortes de choses, et les gens espèrent que l’émergence vienne, alors qu’ils soutiennent par des milliards de dollars plutôt que d’investir dans notre capacité de production. Je pense que nous devons nous assurer que nous nous engageons avec nos partenaires dans ce type d’engagement.”

Hailemariam Desalegn, Ancien premier ministreEthiopie

Libérer le potentiel agricole du continent, un impératif en vue de l’atteinte des objectifs de l’agenda 2030 de l’Union africaine. Mais un challenge important au regard des insuffisances infrastructurelles que connaît le continent. Libérer le potentiel agricole du continent qui devrait permettre également la création d’emplois, réduire la pauvreté, générer une croissance équitable et transformer les économies de la région est le fondement d’une Afrique solide et prospère, entendu que le secteur agricole est un pilier important en vue de la croissance.

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