Le CILSS (le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la Sécheresse dans le Sahel) et ses partenaires s’attendent à des niveaux de crise alimentaire aiguë jamais atteints pour les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel y compris le Cameroun, pour la période de soudure, entre juin et août 2023. Invité sur Africa24, le secrétaire exécutif du CILSS, Abdoulaye Mohamadou, préconise des actions à mettre en œuvre par les Etats pour limiter l’impact de cette crise.
Selon le dernier rapport du Réseau mondial contre les crises alimentaires, près de 12% de la population dans la grande zone Afrique de l’ouest-Sahel serait en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Le même rapport indique des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë pendant la saison de soudure de juin à août 2023, niveaux les plus élevés jamais enregistrés en Afrique de l’ouest et au Sahel y compris le Cameroun. Le secrétaire exécutif du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel indique les causes de cette situation.
La question de la sécurité alimentaire est liée également aux échanges entre les pays de la région et le reste du monde, en plus de la Covid-19 il y a l’insécurité civile aussi qui se vit depuis quelques années dans la région et ce que nous observons justement c’est que les zones les plus affectées , là où la situation alimentaire est récurrente ces dernières années se sont les zones affectées par l’insécurité civil notamment le bassin du lac Tchad et la zone dite de trois frontières […] nous eu avons également le conflit russo-ukrainien qui a vu le marché international des produit alimentaires perturbés . Un des facteurs aggravants de l’insécurité alimentaire se sont les conflits au niveau de la région et la aussi on ne voit pas une issue à l’insécurité civil actuelle qu’on observe dans la région des trois frontière et du bassin du lac Tchad, […] on voit aussi qu’une part importante de l’aide humanitaire est absorbée par l’Ukraine
Abdoulaye Mohamadou, Secrétaire exécutif du CILSS
Selon le secrétaire exécutif du CILSS, la mobilisation de l’aide internationale, la mise en place de subventions, la relecture des politiques agricoles de chaque Etats et l’utilisation des engrais, peuvent constituer des éléments de réponse dans la gestion de ce défi.
Aujourd’hui la seule réponse possible , c’est sur les marchés parce qu’on ne peut pas produire à l’instant où on est aujourd’hui il n’y a pas de production végétale possible au Sahel, c’est vrai que dans les pays du Golfe de Guinée on a le début de la saison des pluies, mais ça ne peut être que des interventions à la fois humanitaires mais également des subventions aux produits de première nécessité, mais également la mobilisation de l’aide au niveau international […] finalement ces crises ont également conduit les Etats à une relecture de leur politique agricole notamment en mettant l’accent sur les potentiels dont ils disposent […] le Burkina Faso, le Togo, le Niger espèrent ainsi améliorer la production des engrais sur leur sol et dans le cadre des échanges régionaux cela permettrait de couvrir les besoins de la région.
Abdoulaye Mohamadou, Secrétaire exécutif du CILSS
En 2022, le niveau d’insécurité alimentaire aiguë a atteint 22,7%, alors qu’il s’établissait à 21,3% en 2021, une ampleur qui reste inacceptable et qui met en évidence une dégradation de l’insécurité alimentaire aiguë dans le monde et en Afrique en particulier.