Braquage en smoking ! Souvent dominateur, toujours héroïque, le Maroc s’incline face à la France (2-0).
Cette demi-finale de coupe du monde perdue (2-0) laissera certainement des regrets dans les rangs marocains. Le regret d’avoir dû se passer trop vite de Aguerd à l’échauffement et de Saïs, son emblématique capitaine, après seulement vingt minutes de jeu. Le regret de ne pas avoir su exploiter les faiblesses d’une équipe de France en difficulté à de nombreuses reprises. Le regret enfin et surtout d’avoir encaissé trop vite ce but tant redouté par Walid Regragui. Pourtant de la dure réalité au rêve de finale, il n’a pas manqué grand-chose au Maroc pour réussir.
Dans un stade Al Bayt tout de rouge vêtu, le sélectionneur du Maroc abandonnait son traditionnel 4-1-4-1 pour un onze de départ renforcé derrière avec une défense à cinq quand chez les bleus, Deschamps se voyait contraint de se passer de Rabiot et d’Upamecano ayant, le comble, pris froid, pour les remplacer par Fofana et Konaté.
Comme l’avait imaginé Regragui, les coéquipiers de Mbappé ne cherchaient pas à monopoliser le ballon et laissaient volontiers le Maroc faire vivre le ballon notamment par l’intermédiaire de Hakimi et Mazraoui évoluant beaucoup plus dans un rôle de piston sur les côtés conscient du risque de s’exposer plus que d’habitude.
C’est sur une situation de ce genre que Griezmann s’échappait à droite dans la surface. Mbappé voyait sa reprise contrée, déviée par Dari sur la gauche. Théo Hernandez se présentait isolé devant Bounou qu’il trompait d’une demi-volée piquée du pied gauche.
Le match n’avait commencé que depuis cinq minutes et le Maroc se retrouvait mené (1-0,5’).
Pour la première fois de son épopée dans cette coupe du monde, le Maroc se retrouvait mené au score et contraint d’offrir des espaces pour espérer. Jusqu’à présent impressionnants en défense, les coéquipiers de Saïs allaient démontrer qu’ils savaient aussi se créer des occasions.
Ounani, par exemple, récupérait un ballon dans le camp français et du pied droit enveloppait une magnifique frappe de vingt-cinq mètres obligeant Lloris à plonger sur sa gauche (10’).
Un peu plus tard, Lloris encore prenait le meilleur dans les airs sur En-Nesyri (19’).
C’est à ce moment-là de la partie que Romain Saïs, toujours pas remis de sa blessure, était contraint de laisser sa place à Amallah (21’), les rouges revenaient en 4-1-4-1.
Toujours mené, le Maroc confondait parfois vitesse et précipitation offrant des balles de contre-attaque aux champions du monde en titre. Lancé dans la profondeur sur la gauche, Mbappé devançait Hakimi pour tromper Bounou sur sa droite, El-Yamiq sauvait sur sa ligne. Giroud suivait dans la surface mais son tir du gauche s’échappait à gauche du cadre (36’).
Malgré des contre-attaques tranchantes, la France subissait la pression marocaine en attaque et se retrouvait finalement souvent en difficulté comme sur ce premier corner tiré par Ziyech sur le côté droit. Giroud déviait haut dans les airs de la tête, El-Yamiq reprenait ce ballon d’un magistral ciseau retourné qui filait droit au ras du poteau gauche de Lloris. Pour son dix-neuvième match de coupe du monde, un record qu’il partage avec Manuel Neuer, le gardien de Tottenham bien que masquait trouvait le moyen de détourner le tir d’une main ferme et assurée (44’).
A la reprise, les coéquipiers d’un Giroud en demi-teinte poussaient pour essayer de creuser l’écart. A trois reprises, Mbappé créait le danger dans la surface de Bounou mais sans parvenir à ses fins.
Face à une équipe de France misant davantage sur le contre, le Maroc s’installait dans le camp français et jouait sa chance sans trembler comme sur cette action de Attiyat-Allah qui échappait à Jules Koundé avant de centrer en direction de En-Nesyri, devancé in-extremis par Konaté (54’).
Le Maroc insistait encore dans la surface. Ziyech s’engageait sur la droite, centrait pour Hakimi qui ne parvenait pas à trouver de solution au milieu d’une forêt bleu bien repliée (57’).
Dans le même tempo, Giroud laissait sa place à Marcus Thuram (65’) et En-Nesyri était remplacé par Hamdallah (67’).
Après avoir subi les assauts marocains, peu à peu, la France reprenait le contrôle des évènements mais restait sous la menace d’un retour du Maroc dans le dernier quart d’heure.
Deschamps choisissait alors de remplacer Dembélé par Kolo Muani (78’).
44 secondes plus tard, l’attaquant de l’Eintracht Francfort échappait au marquage de Attiyat-Allah et crucifiait les espoirs marocains d’un pied droit assassin aux 6 mètres (2-0, 79’).
Le rêve marocain de disputer la première finale de coupe du monde de l’histoire du continent africain s’évaporait au coup de sifflet de monsieur Ramos dans les volutes rouges et les étoiles vertes du ciel d’Al-Khor.
Finalement, le Maroc est tombé sur l’adversaire attendu, un adversaire habitué des grands rendez-vous, un Lloris impérial dans ses buts, un Griezmann déguisé en Ngolo Kanté, bref une équipe championne du monde en titre, experte du braquage en smoking.
Après une longue et sincère accolade avec Didier Deschamps, symbole d’un fort respect mutuel, Walid Regragui saluait l’exemplarité de son groupe: « Regragui, élégant jusqu’au bout : « On a donné le maximum, c’est le plus important. On a eu quelques blessés, on a perdu Aguerd à l’échauffement, Saïss, Mazraoui à la mi-temps… mais je n’ai rien à dire, la moindre erreur se paie cash. On ne rentre pas bien dans le match, on a eu trop de déchet technique en première mi-temps, et le deuxième but nous tue, mais ça n’enlève pas tout ce qu’on a fait avant » et voulait rendre hommage à l’équipe de France : « Quand on voit ce que fait la France depuis les vingt dernières années, on peut dire que c’est le meilleur pays au monde en termes de football. La réalité, c’est que cette équipe nationale est la meilleure aujourd’hui. »
Mercredi soir, le Maroc est entré par la grande porte au panthéon de l’histoire du football mondial en devenant la première équipe africaine à disputer une demi-finale de coupe du monde mais le Maroc n’en a pas encore terminé avec cette belle aventure.
Il reste une troisième place à aller chercher contre la Croatie, dimanche.
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Faites-le pour le Maroc, pour l’Afrique, pour le foot, pour que l’histoire soit encore plus belle et que nos cœurs continuent à vibrer !