Suivant la vision de l’Union Africaine, dans le processus de renforcement de la démocratie en Afrique, le challenge de la mise en place d’un cadre de vie propice à la réalisation du potentiel humain et la création de la prospérité est essentiel pour construire une conscience individuelle et collective civique qui est à la base même de la bonne gouvernance et de la prévention des conflits.
En Afrique, le renforcement de la démocratie bénéficie depuis plusieurs années d’importants instruments juridiques, et institutionnels qui dans un autre contexte auraient suffi à prévenir toutes formes de conflits. Cependant le bilan de ces 3 dernières décennies est marqué par une multiplication de crises sécuritaires dues soit au terrorisme ou nourris par de graves atteintes aux principes démocratiques. Cote d’ivoire, Centrafrique, Kenya, Gabon, Mali, Guinée, Libye Burkina faso, Somalie, Nigéria, Soudan, Autant de pays où le terrorisme, de sanglantes crises post électorales et autres changements anticonstitutionnels ont traduit de profonds malaises socio-économiques.
L’effondrement des institutions publiques et du système éducatif laissent sans perspective d’avenir une majeure partie de la jeunesse et favorise ainsi la montée d’une culture politique intolérante, en rupture avec les modes de lutte civique pacifiques. Confrontés aux inégalités croissantes du fonctionnement de l’État et de la société, des jeunes remettent radicalement en cause la légitimité des institutions étatiques et se tournent vers l’idéal « égalitariste » et l’espoir d’un « autre avenir », incarnés par les bandes armées et les mouvements religieux sectaires.
Michel Luntumbue, Chargé de recherche au GRIP
En plaçant la prospérité, la croissance inclusive et le développement durable en tête des aspirations de l’Agenda 2063, L’Union africaine Africaine souligne ainsi l’importance de l’éradication de la pauvreté et du partage des richesses dans la construction d’un continent émergent et démocratique. Idée défendue par le président zambien, Hakainde Hichilema
“ Nous pensons que le succès économique que nous recherchons est positivement lié à la liberté, à l’entreprise, à la propriété privée, au respect de la propriété privée. La lutte contre la corruption est inévitable. Ce n’est pas vraiment un choix pour un gouvernement digne de ce nom. Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’en parler. Nous avons besoin d’un renforcement institutionnel et donc de la question de la gouvernance, de la corruption, de l’institution des gouvernements, afin qu’ils puissent nous survivre ; parce qu’en Zambie, nous avons un problème et je ne pense pas que beaucoup d’autres pays africains soient différents.”
Hakainde Hichilema, Président de la République – Zambie
La bonne gouvernance qui devrait permettre d’anticiper sur de nombreuses crises exige selon des experts, l’arrêt de la pratique répandue des achats de consciences et de votes, une libéralisation encadrée des médias, une véritable lutte contre l’impunité et la consolidation de l’État de droit. Pour l’ancien Vice président de la commission de l’union africaine Erastus Mwencha, il faudrait en plus Promouvoir des mécanismes visant à faciliter la participation des citoyens à la vie politique, en particulier dans les administrations locales pour une représentation politique appropriée comme le veulent les fondements démocratiques
Il est important d’investir dans le développement de la démocratie, et il apparaît clairement que ces investissements doivent être faits au niveau local. Il faut pouvoir habiliter la société à ressentir son appartenance aux processus démocratiques et son désir d’y prendre part dans un esprit d’ensemble et non les uns contre les autres. Si la société civile peut agir dans cet espace et atteindre le niveau local, elle sera en mesure d’anticiper , de confronter les extrémistes et de donner la bonne information.
Erastus Mwencha, PCA Equity Bank – Kenya
La promotion des droits des femmes, des enfants, du droit à l’éducation , de la Liberté d’opinion et d’expression, d’un accès équitable à la justice, à l’emploi décent aux soins de santé de qualité, le renforcement de la stabilité et la mobilité sociales et toutes autres politiques de développement qui répondent mieux aux besoins des populations sont les bases même de la transformation sociale et économique de la société selon l’union africaine et qui complètent cette approche préventive des crises et du processus de renforcement de la démocratie en Afrique