L’Afrique connaît des mouvements migratoires internes et internationaux significatifs, avec une estimation de plus de 40 millions de travailleurs migrants à travers le continent. Dans un contexte où les inégalités économiques et les conflits persistent, les migrations, tant internes qu’internationales, se développent davantage et représentent à la fois un défi et une opportunité pour le développement économique du continent. Cependant, la mise en place de politiques migratoires reste un défi en raison de la faiblesse des institutions et de la gouvernance dans certaines régions. Les cas de discrimination, d’exploitation et de violations des droits humains affectent également les migrants, soulignant le besoin urgent d’une approche plus intégrée et inclusive.
Les migrations africaines continuent de progresser, prolongeant un scénario qui dure depuis 20 ans. Les opportunités économiques limitées, les conflits, les gouvernements répressifs, l’augmentation du nombre de jeunes et le changement climatique sont les principaux facteurs à l’origine de 169 millions de travailleurs migrants estimés dans le monde, dont 43 millions de migrants africains, selon les données du Centre africain d’études stratégiques de janvier 2024. Pour faire face à l’augmentation des flux migratoires, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et plusieurs pays africains ont mis en œuvre des politiques migratoires. Ces politiques visent à réguler la mobilité du travail, à promouvoir l’emploi et à protéger les droits des migrants.
“Parmi les 169 millions de travailleurs dans le monde aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ne peuvent exercer leurs droits fondamentaux. Cela les rend invisibles, vulnérables et sous estimés au regard de leur contribution à la société. La vulnérabilité des travailleurs migrants à toute sortes de discrimination est exacerbée lors que d’autres facteurs interviennent tels que la race, l’origine ethnique et le genre.
Gilbert Houngbo, Directeur général de l’Organisation internationale du travail – Togo
À l’échelle régionale, des organisations comme l’Union africaine (UA) et les communautés économiques régionales s’efforcent d’harmoniser les efforts bilatéraux et multilatéraux pour renforcer la coopération en matière de migration de main-d’œuvre. Ces efforts visent à promouvoir la migration régulière de main-d’œuvre, à faire respecter les normes du travail et à réduire le recours à la migration irrégulière, conformément à l’agenda 2063 de l’UA.
“La migration irrégulière est également un instrument dédié à la mise en œuvre du cinquième domaine prioritaire clé de la déclaration de l’UA et du plan d’action sur la réduction de la pauvreté en matière d’emploi et de développement inclusif. La migration conjointe de main d’oeuvre est une stratégie qui se concentre sur la gouvernance des migrations de main d’oeuvre intra africaines et soutient les réalisations de l’agenda 2063 de l’UA mais aussi de l’agenda 2030”
Sabelo Mbokazi , Chef de la division du Travail, de l’Emploi et des Migrations de l’UA – Afrique du Sud
Cependant, la mise en œuvre de politiques migratoires reste un défi en raison de la faiblesse des institutions et de la gouvernance dans certaines régions. Les cas de discrimination, d’exploitation et de violations des droits humains affectent également les migrants, soulignant le besoin urgent d’une approche plus intégrée et inclusive.
“Les travailleurs migrants sont exposés aux violations des droits de l’homme. Leur statut les oblige à vivre dans des situations précaires et à faire face à des défis supplémentaires tels que la violence sexiste. Les travailleurs migrants contribuent au développement de la plupart des nations, en remplissant les marchés et en répondant aux besoins essentiels en compétences. La protection juridique des travailleurs migrants est donc nécessaire
Wavel Woodcock, Membre du Parlement panafricain – Seychelles
Selon les données du Centre africain d’études stratégiques, la majorité de ces migrants africains, pour la plupart jeunes, restent sur le continent à la recherche d’opportunités d’emploi dans les centres urbains. D’autres cherchent un emploi en dehors du continent, principalement au Moyen-Orient et en Europe, bien que les Africains ne représentent respectivement que 6,6 % et 8,2 % de l’ensemble des migrants dans ces régions.