L’intelligence artificielle (IA), en imitant les voix, en créant des séquences, et en générant des images réalistes s’est imposée dans le paysage médiatique comme l’une des innovations numériques la plus prometteuse de ces dernières années. Ainsi, pour les experts de la question, l’industrie des médias et du divertissement devrait investir environ 1,5 milliard de dollars d’ici 2025 pour tirer un meilleur parti de cette technologie. Les experts plaident également pour un renforcement du cadre normatif du secteur des TIC.
Depuis l’avènement de ChatGPT, en novembre 2022, une vague de nouvelles fonctionnalités dopées à l’intelligence artificielle a inondé l’espace médiatique à l’échelle de la planète mais également en Afrique. En effet, les processus éditoriaux se sont métamorphosés. Présentation assistée par ordinateur, radio filmée, création d’images réalistes, rien n’échappe à cette technologie. Selon les experts africains, il ne s’agit plus de savoir s’il faut utiliser l’IA dans les médias en Afrique, mais plutôt de créer un cadre éthique de formation pour encadrer son utilisation.
“Il faut que les médias comprennent toutes les réalités autour de l’intelligence artificielle mais aussi les dérivés. Comment est-ce qu’on peut en tirer le meilleur profit? C’est une question profonde. Nous devons y apporter notre culture. La défendre et même la promouvoir. ”
Grégoire Ndjaka, Directeur général de l’Union africaine de Radiodiffusion
Générant des gains de temps sur les textes, les images, les sons, les trucages, l’IA enchante, mais aussi effraie.Cette révolution technologique n’est pas sans poser des défis complexes, notamment au Sénégal où l’utilisation croissante de l’IA pour le clonage vocal a suscité des préoccupations majeures en matière de sécurité nationale, de stabilité sociale et d’intégrité démocratique, en pleine période de campagne présidentielle.
“Les risques de manipulation avec les fake news sont déjà là. On le voit sont quotidiens et tendent à prendre une place importante et c’est paradoxalement ce qui garantit la confiance des médias traditionnels.”
Fausseni Dembele, Directeur général, RTI – Côte d’Ivoire
D’après le cabinet américain d’analyse Business Wire, l’industrie des médias et du divertissement dépensera environ 1,5 milliard de dollars d’ici 2030 en IA. Contre 329 millions en 2019. L’IA ouvre de vastes opportunités pour les médias du continent, mais son adoption requiert une préparation minutieuse pour surmonter les défis, notamment en matière de gouvernance, de réglementation et de développement des compétences et des infrastructures de connectivité dans un contexte où le taux de pénétration d’internet à l’échelle continentale se chiffre à 60%.
“Nous avons plus de 600 millions d’appareils quand même; ne serait-ce qu’en Afrique. C’est énorme. Nous sommes en avance par rapport à d’autres parties du monde. Je dis bien en avance. Donc ce taux de pénétration même s’il n’est que de 60% n’est pas négligeable lorsqu’on sait qu’on a une population de 1 milliard 300 millions d’habitants. L’Afrique pour moi est une terre de propagation de nouvelles technologies. Il s’agit maintenant de trouver le moyen de l’utiliser de façon positive.”
Jean Emmanuel Pondi, Recteur de l’ICT University – Cameroun
Pour tirer meilleur parti des opportunités qu’offre l’IA, dans un continent où le taux de pénétration d’internet se chiffre à 60%, les spécialistes s’accordent à dire qu’il faut créer un cadre normatif harmonisé afin d’aboutir à un écosystème propice à l’essor des TIC en Afrique.