Pour transformer l’Afrique en puissance mondiale et réaliser les objectifs de l’Union africaine d’un développement économique inclusif et durable dans le cadre de l’Agenda 2063, les pays du continent doivent relever, entre autres, le défi d’une croissance économique annuelle constante comprise entre 7 et 10% sur les 40 prochaines années, selon une étude commandée par l’UA, la Banque africaine de développement et l’Auda-Nepad. Réussir ce pari nécessite de mettre en œuvre un certain nombre d’instruments.
Pour exécuter l’Agenda 2063, l’Afrique doit diversifier les activités, relever le niveau des investissements, en passant du niveau actuel de 20% du Produit intérieur brut à 40%, d’après l’“étude sur les actions clés pour stimuler la croissance inclusive et le développement durable en Afrique”, commandée par le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat et le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. L’étude a été discutée avec des experts et des officiels africains à Addis-Abeba, en marge de l’Assemblée 2023 de l’Union africaine tenue à Addis-Abeba en février.
“Chaque pays a sa propre stratégie mais je pense que nous avons des objectifs similaires et des fragilités communes, comme l’a relevé l’étude. L’Angola, en particulier, essaie de faire de son mieux pour améliorer la participation du secteur privé afin de s’assurer que ce secteur est le principal moteur de l’économie. Et vous savez à quel point nous sommes dépendants de certains secteurs, à l’instar des ressources naturelles, comme d’autres pays africains. Nous devrions explorer tout ce qui est à notre disposition.”
Vera Daves de Sousa, Ministre des Finances – Angola
En 2022, d’après la Banque africaine de développement, la croissance du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 %, contre 4,8 % en 2021, à cause de défis liés à la pandémie de Covid-19 et au conflit russo-ukrainien. La croissance économique de l’Afrique est prévue à 3,8 % en 2023. Outre la croissance du PIB et la hausse des investissements, la réalisation d’une croissance économique inclusive pour l’Afrique demande également de réduire le coût du capital pour réaliser les dépenses d’infrastructure, accélérer l’innovation technologique et les compétences. Si l’exemple peut être pris pour un pays comme la Chine, passé d’un pays en développement à une superpuissance en 40 ans, les experts recommandent de définir une voie africaine de développement.
« Ce qui a fonctionné en Chine et en Corée ne fonctionnera pas nécessairement pour les pays africains. La Chine s’est construite sur l’idée d’une main-d’œuvre à bas prix, l’intégration de technologies, l’usage de robots et d’autres avancées technologiques. Nous devons trouver notre créneau, un modèle différent. Nous pouvons apprendre des expériences précédentes en termes de ce qui a été utile. »
Hanan Morsy, Secrétaire exécutive adjointe de la CEA – Egypte
L’attrait des investissements est lié à l’amélioration de l’environnement des entreprises, dont l’environnement politique. La levée des différents obstacles à l’investissement permettrait au secteur privé de jouer pleinement son rôle dans l’augmentation des exportations et des échanges commerciaux entre pays africains comme ceux attendus dans le cadre de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
« Nous respectons l’engagement du secteur privé. En ce moment, nous mobilisons le secteur privé du continent pour voir comment il peut contribuer à l’approvisionnement du marché de la Zone de libre-échange continentale africaine. »
Albert Muchanga, Commissaire de l’UA au Commerce et à l’Industrie
Établi pour la période 2013 – 2063, l’Agenda 2063 de l’Union africaine entend faire de l’Afrique une force dynamique sur la scène mondiale. Pour les 40 prochaines années, avant l’atteinte de 2063, les économistes suggèrent de maintenir un taux de croissance annuel d’au moins 7 à 10% sur quatre décennies. Une recommandation présentée dans un contexte où les économies sont régulièrement confrontées à divers chocs extérieurs qui minent leurs ambitions.