L’Union africaine vise une révolution de l’éducation sur le continent, pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063. D’ici à cet horizon, l’institution panafricaine souhaite voir les pays africains piloter entièrement leur propre destin, avec les ressources nationales, dont des citoyens bien formés. Le choix, par l’UA, de l’éducation comme thème de l’année 2024 vise ainsi à attirer l’attention des dirigeants et des acteurs du développement sur cet objectif de formation du capital humain sur le continent africain, pour relever les indicateurs à tous les niveaux de l’apprentissage et être au standard de la compétition internationale. L’Union africaine compte pour ce faire sur la mise en œuvre de sa Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique.
Conçue initialement pour la période 2016-2025, la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique (CESA) de l’Union africaine vise à transformer les systèmes d’éducation et de formation du continent, afin de répondre aux besoins des Etats et des populations en matière de compétences, connaissances et qualifications. Parmi les principes directeurs de la Stratégie, figure la formation d’un capital humain compétent pour les sociétés de savoir envisagées dans l’Agenda 2063; une harmonisation des systèmes d’éducation et de formation; un développement soutenu de la science, la technologie et l’innovation.
« Notre système éducatif et nos programmes actuels préparent-ils la jeunesse africaine au futur du marché du travail ? »
« Les technologies agricoles intelligentes, les plateformes numériques, le commerce électronique, l’automatisation et l’intelligence artificielle modifient les compétences requises dans de nombreux secteurs économiques. Les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques sont désormais les compétences de l’avenir. »
Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la CEA – Rwanda
La nécessité de la mise en œuvre de cette Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique a été rappelée au 37e Sommet de l’Union africaine en février 2024 à Addis-Abeba en Ethiopie. Les dirigeants de la Commission de l’UA et les chefs d’Etat africains ont convenu dans ce cadre de mettre l’éducation comme thème majeur de l’année 2024 sur le continent.
“Il est essentiel que nous travaillions ensemble sans relâche pour garantir à chaque enfant en Afrique l’accès à l’éducation. Tous les États membres doivent s’associer à l’Union africaine pour lancer ce thème et continuer à plaider en faveur d’un système éducatif agile, résilient et transformationnel.”
Taye Atske Selassie, Ministre des Affaires étrangères – Ethiopie
Selon les données de l’Unesco, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, des progrès ont été faits en matière d’accès à l’éducation sur le continent au cours des deux dernières décennies. Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2023 de l’Unesco indique à cet effet que la population non scolarisée en Afrique subsaharienne aux niveaux primaire et secondaire a chuté de 44 % en 2000 à 29 % en 2020, sur la même période le taux d’alphabétisation des jeunes en Afrique subsaharienne a connu une croissance, passant de 66 % à 77,5 % et le taux d’alphabétisation des adultes de 52,6 % en 2000 à 64,3 % en 2020. Les besoins des écoliers doivent aussi tenir compte des besoins en enseignants qualifiés. L’Unesco évalue à 15 millions le nombre d’enseignants à recruter d’ici 2030 pour garantir à toutes les populations en Afrique un enseignement primaire et secondaire.
“Chaque pays est souverain et c’est la décision du gouvernement du pays d’exécuter ou de ne pas exécuter une action. Je ne vais pas la leur imposer ; ce n’est pas mon rôle. Mais ce que nous faisons, par exemple, c’est essayer d’harmoniser les politiques, de donner des orientations, tout ce que j’ai présenté. Nous avons cette Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique qui donne des piliers, des orientations et des objectifs dont les pays africains peuvent s’inspirer pour améliorer leurs systèmes éducatifs.”
Mohammed Belhocine, Commissaire de l’UA à l’éducation – Algérie
Des besoins à combler en matière d’éducation en Afrique se posent aussi au niveau du financement. D’après l’Unesco, l’Afrique a besoin chaque année de mobiliser 77 milliards de dollars supplémentaires pour atteindre les objectifs nationaux en matière d’éducation. Face à ce défi, la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique recommande aux Etats et aux organisations de développer de nouveaux partenariats, impulser la coopération Sud-Sud, l’investissement privé, les Investissements directs étrangers (IDE); mobiliser la diaspora, les fondations et autres champions, entre autres pistes de solutions.