L’histoire d’Afreximbank est indissociable de la sienne car les deux ne font qu’un. Pour Benedict Oramah, elle est « celle du défi face au doute, de la construction d’une institution malgré les difficultés et de la foi inébranlable dans le potentiel de l’Afrique ». Après dix ans de présidence de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), Benedict Oramah passe le relais à son successeur Georges Elombi afin de porter la dynamique d’une souveraineté économique et financière de l’Afrique.
Sa vision n’a d’égale que sa détermination à changer le narratif sur l’Afrique. Sous sa direction, Afreximbank a évolué pour devenir un groupe comprenant la Banque, sa filiale de fonds d’impact, le Fonds pour le développement des exportations en Afrique (FEDA), et sa branche de gestion d’assurance, AfrexInsure. Le groupe comprend également plusieurs filiales et initiatives stratégiques, telles que MANSA, une plateforme d’archivage pour le contrôle préalable des clients sur les entités africaines ; le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) ; Creative African Nexus (CANEX) ; le Centre médical africain d’excellence (AMCE) ; la Foire commerciale intra-africaine (IATF) ; et le Centre africain d’assurance de la qualité (AQAC). Au cours du mandat de Benedict Oramah, les actifs du bilan de la Banque sont passés de 5 milliards de dollars en 2015 à 37 milliards de dollars en 2023.
«Le continent est en train d’inverser progressivement le cours de la désindustrialisation. Cela signifie que les structures financières traditionnelles, qui sont fortement axées sur le financement des matières premières, devraient être repensées. Avec la montée en puissance des géants de l’industrie manufacturière en Afrique, des opportunités pour l’émergence de chaînes de valeur nationales et régionales, ainsi que pour la croissance des petites et moyennes entreprises, commencent à prendre forme.»
Benedict Oramah, Président d’Afreximbank – Nigéria
M. Oramah a commencé sa carrière professionnelle à la Nigerian Export-Import Bank (NEXIM) en 1992 en tant que directeur adjoint. En mars 1994, il rejoint la Banque africaine d’import-export en tant que l’un des premiers employés. Il y occupe notamment les fonctions de directeur du département de la planification et du développement des affaires en 2004. En 2008, il amorce un tournant qui s’annonce décisif pour sa carrière en devenant vice-président exécutif du développement des affaires. Puis vient le sacre. Le 13 juillet 2015, il succède à Jean-Louis Ekra en tant que troisième président d’Afreximbank. Son leadership est reconduit pour un second mandat de cinq ans en 2020.
«Je pense que ces dernières grandes années, des personnes comme le professeur Oramah ont réussi à fabriquer et à construire ce qu’est Afreximbank aujourd’hui, en passant à travers des moments difficiles de crises où l’Afrique a eu à s’inventer, a eu à être agile grâce à lui et à d’autres Afreximbankeurs qui travaillent sous son leadership et cette résilience doit continuer.»
Idrissa Diop, Directeur de la Conformité, Afreximbank – Sénégal
Booster le commerce intra-africain a été son leitmotiv. Il a mené une stratégie afin de générer des financements significatifs tournés vers l’industrialisation locale dans l’objectif d’accroître la valeur des produits, afin de renforcer les capacités de transformation en Afrique.
«Le bon, le mauvais, le difficile, le douloureux, on a tout traversé ensemble et donc cette institution est là avec un staff, avec une culture et comme je le dis avec des stakeholders, des parties prenantes qui sont très très attachées à la mission d’Afrexim et donc ce que je vois sur l’édifice magnifique que nous a laissé le président Oramah comme l’a fait avant lui le président Ekra et ainsi de suite. Là nous sommes dans la continuité et nous allons achever la mission.»
Marlène Ngoyi, CEO du FEDA – RD Congo
En 2021, deux ans après les premiers confinements qui ont mis à l’arrêt les économies africaines, Benedict Oramah était déjà dans « le coup d’après », celui de l’intégration économique avec la mise en place de la zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf), dont Afreximbank est un pilier. La banque panafricaine a notamment été mandatée par l’Union africaine (UA) pour mettre sur pied un système panafricain de paiement et de règlement, appelé PAPSS, « destiné notamment à faciliter les paiements transfrontaliers dans les différentes devises locales concernées ». Ainsi, entre 2015 et 2021, plus de 35 milliards de dollars de crédits ont ainsi été accordés au commerce africain, avec une sensible hausse pour les échanges intra-africains, passés dans l’intervalle de 3 % à près d’un tiers du portefeuille total des prêts d’Afreximbank.
«L’héritage du professeur Oramah est remarquable et représente une part très, très importante de l’histoire de l’Afrique en matière d’intégration économique. Et il a joué ce rôle. Je ne pense pas qu’il soit hyperbolique de dire qu’il a joué un rôle très important dans le processus d’intégration économique de notre continent. Au cours des dix dernières années, nous avons vu augmenter les volumes d’investissement dans le développement industriel et le commerce, en soutenant la construction d’infrastructures, bien sûr, par rapport aux 20 années précédentes. Je pense donc que son héritage parle de lui-même. Personnellement, je lui suis très, très reconnaissant, en tant qu’Africain, de son service public pour notre continent et de son dévouement à cette grande vision que nous partageons tous pour le prochain leadership.»
Wamkele Mene, Secrétaire général de la ZLECAf – Afrique du Sud
« Si je puis dire. Il s’agit d’un héritage qui vise à transformer l’Afrique. Une Afrique qui maîtrise ses ressources et son avenir, qui maîtrise son destin. Il s’agit d’un héritage qui parle de l’émancipation économique totale du continent.»
Kanayo Awani, Vice-présidente d’Afreximbank – Nigéria
La banque a initié, à partir de 2018, la première foire commerciale intra-africaine (IATF). Objectif affiché, renforcer la visibilité sur les opportunités commerciales existant sur le continent mais aussi, ailleurs dans le monde. Un pari gagnant : après une première édition tenue en décembre 2018 au Caire (Égypte), siège d’Afreximbank, la seconde foire, organisée à Durban (Afrique du Sud) en novembre 2021, aura drainé plus de 32 000 participants (physiques et virtuels) venant de 128 pays, pour un montant cumulé de transactions conclues supérieur à 42 milliards de dollars.
«Sa passion pour le continent, son dynamisme et son énergie sont contagieux. Habituellement, lorsque certains d’entre nous arrivent au terme de leur mandat, ils ont tendance à ralentir. Nous avons tendance à ralentir. Il a fait le choix d’aller de l’avant en travaillant encore plus dur qu’il ne l’a jamais fait. Et nous, nous nous demandons ce qui se passe ici. C’est le genre de personne qu’il est, je pense, si vous le comprenez. Mais je pense que pour lui, c’était, écoutez, il me reste quelques mois, je veux m’assurer que j’ai donné tout ce que j’avais, je veux avoir besoin de m’asseoir sur ma première année et de ne pas tout dire. J’aurais aimé faire quelque chose d’autre.»
Yemi Kale, Économiste en chef du groupe Afreximbank – Nigéria
L’histoire du Pr Oramah, c’est également celle des Caraïbes, une région qui, déconnectée de ses racines par la colonisation, peut aujourd’hui se reconstruire en échangeant avec l’Afrique grâce au Forum africain sur le commerce et l’investissement (ACTIF) dont l’édition 2025 est prévue à St. George’s, à la Grenade, du 28 au 29 juillet sous le thème : « Résilience et transformation : renforcer la coopération économique entre l’Afrique et les Caraïbes à l’ère de l’incertitude mondiale ».
« Nous espérons maintenant que le Nigeria, le Ghana et la Barbade auront un accord bilatéral et que nous abolirons, par exemple, l’obligation de visa d’entrée entre l’Afrique et les pays des Caraïbes. Il s’agit là de préludes à une reconnexion totale entre nous. Nous voulons mettre fin au problème endémique de la connectivité. »
Okechukwu Ihejirika, Directeur régional des opérations d’Afreximbank, bureau des Caraïbes – Nigéria
«Nous avons planté la graine qui allait se transformer en une plateforme pour un rapprochement avec la forme dont nous avions le plus besoin en tant que peuples à l’époque. Aujourd’hui, nous célébrons la naissance d’une graine similaire que nous avons plantée ici il y a environ 41 mois. L’un de nos pas décisifs vers le redressement des torts du colonialisme. Ceux-ci permettent aux entreprises d’Afrique et des Caraïbes de voir, comme nous devrions également le savoir, que les Trade Centers à travers l’Afrique et les Caraïbes sont sont nécessaires.»
Benedict Oramah, Président d’Afreximbank – Nigéria
Depuis 1994, Benedict Oramah plaide pour une finance structurée capable de contourner les incertitudes des marchés traditionnels, en transférant les risques vers ceux qui peuvent les absorber. Cette approche développée dans son ouvrage intitulé « Fondements et évolutions de la finance structurée du commerce » a déclenché une transformation majeure : en trois décennies, le commerce Sud-Sud est passé de 23 % à 68 % des échanges africains. Nul doute que la foi inébranlable de Benedict Oramah dans le potentiel de l’Afrique l’amènera toujours à s’investir pour le développement du continent, après Afreximbank.