Au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko a installé, vendredi 16 août 2024, un comité pour la commémoration, le 1er décembre prochain, du 80e anniversaire du massacre en 1944 de Tirailleurs sénégalais, ayant eu pour cadre un camp militaire de Thiaroye, un quartier de la banlieue de Dakar, pour « aller plus loin dans la manifestation de la vérité ». L’initiative intervient après que les autorités françaises ont reconnu six soldats coloniaux comme « morts pour la France » le 15 août 2024. A cette occasion, le chef du gouvernement sénégalais a appelé à la solidarité africaine.
Le gouvernement du Sénégal a lancé, le 16 août 2024, un Comité pour commémorer le 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye. Cet événement souligne l’importance de se souvenir de ce chapitre douloureux de l’histoire du Sénégal et de l’Afrique. Au cours d’une cérémonie, le Premier ministre Ousmane Sonko a exprimé sa profonde gratitude aux membres du comité. Le chef du gouvernement a réitéré que la première tâche de la commission sera d’élaborer et de confirmer un calendrier détaillé des activités, couvrant la période du 16 août au 1er décembre 2024, date de la commémoration.
“ Thiaroye 44 a toujours été une préoccupation politique pour nous. Parce que nous considérons qu’il est important que la mémoire soit vivifiée dans tous ses aspects et particulièrement dans ces événements marquants de la vie des nations (…)Notre pays a déjà conquis des avancées significatives dans la reconnaissance de cette tragédie et ce, grâce à l’engagement de nombreux historiens, chercheurs et militants de la cause.”
Ousmane Sonko, Premier ministre – Sénégal
Ousmane Sonko, qui avait critiqué fin juillet 2024 la décision de la France, en tant que chef de son parti Pastef-Les Patriotes, affirmant que ce n’était pas à Paris de « fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés », a également rappelé que l’histoire de Thiaroye 44 doit être un lien qui unit les peuples africains.
“L’histoire des tirailleurs n’est pas une histoire sénégalaise simplement. Dans un contexte où notre sous région traverse une crise politique, je crois que ça peut être un lien extrêmement fort qui rappelle que malgré nous et de l’extérieur, on a pu nous imposer et nous rappeler que nous sommes une et seule communauté et qu’aujourd’hui on n’a pas le droit de faire moins que ce que la puissance coloniale a pu nous imposer. Nous n’avons pas le droit de faire moins que ce que nos devanciers ont pu faire dans de grands empires : réussir cette intégration politique sur la base de beaucoup d’aspects y compris ces tragédies que nous avons vécues.”
Ousmane Sonko, Premier ministre – Sénégal
Pour rappel, le matin du 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’armée française sur des combattants africains rapatriés, qui réclamaient leurs salaires impayés. Selon les bilans des autorités françaises de l’époque, au moins 35 personnes avaient été tuées à Thiaroye. Un chiffre qui reste controversé, certains historiens l’estimant bien plus élevé.