Elle s’est imposée comme un outil incontournable. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle redessine les contours du monde dans presque tous les secteurs, de la santé à l’agriculture, en passant par l’éducation, la finance ou les services publics. Cependant, force est de constater que l’Afrique reste à la traîne. En effet, selon la Banque mondiale, seulement 36% des 1,3 milliard d’habitants de l’Afrique ont accès à Internet, et pour l’heure, moins de 100 datacenters sont implantés sur le sol africain, soit 1,3% du total mondial. Un paradigme que les dirigeants ont décidé de changer en instituant des protocoles devant permettre le partage de connaissances et d’expertise à l’échelle continentale.
Algorithmes de recommandation, reconnaissance faciale, assistants vocaux ou encore médecine prédictive, l’IA est aujourd’hui omniprésente et l’Afrique entend bien en tirer profit. Une étude du cabinet McKinsey indique d’ailleurs à ce sujet que, l’Intelligence artificielle pourrait générer jusqu’à 3 milliards USD aux économies africaines d’ici 2035, notamment en optimisant les secteurs de l’agriculture, de la santé et de l’énergie.
«Tous les ministères, toutes les administrations ont besoin du digital. C’est une up, C’est une nécessité qui est maintenant transverse partout. Vous voulez faire de la formation ? Vous avez besoin du digital, vous voulez faire de la santé, vous avez besoin du digital. Donc conscient de cela ? Ce que nous voulons faire, c’est former les jeunes, former des personnes qui ont des compétences, les appliquer avec des nouvelles compétences dans le digital et des gens pour créer de l’emploi.»
Amal El Fallah, Ministre de la Transition Numérique – Maroc
Pour tirer meilleur parti des opportunités qu’offre l’IA, dans un continent où le taux de pénétration d’internet se chiffre à 60%, les spécialistes s’accordent à dire qu’il faut créer un cadre normatif harmonisé afin d’aboutir à un écosystème propice à l’essor des TIC en Afrique.
« Je crois que la question qui se pose est de savoir comment déployer la technologie pour faire progresser le développement de l’Afrique dans le contexte géoéconomique mondial actuel. C’est certainement un défi très difficile à relever pour la sagesse de nos chefs d’État. Cependant, cette année, nous avons adopté le protocole sur les dernières annexes du protocole sur le commerce numérique, qui comprend des dispositions importantes sur les technologies émergentes et les cadres réglementaires qui doivent être établis pour permettre l’innovation dans des domaines tels que l’intelligence artificielle pour faire progresser le commerce intra-africain. »
Wamkele Mene, Secrétaire général ZLECAf – Afrique du Sud
Sur le continent, à l’exception du Rwanda, du Kenya, du Nigeria ou de l’Afrique du Sud, les investissements publics restent quasi inexistants. Ainsi, selon des données de l’OCDE, les budgets alloués à la recherche scientifique représentent moins de 1 % du PIB dans la majorité des pays africains. À cela s’ajoutent des infrastructures numériques inadaptées, un accès limité à Internet dans de nombreuses zones rurales, et un manque criard de data centers sur le continent.
« Nous pouvons commencer à réfléchir aux possibilités d’aligner nos stratégies sur le respect de la souveraineté. Pouvons-nous parler d’infrastructures partagées ? Peut-être pouvons-nous co-investir dans les plateformes et le calcul. Nous pouvons partager les activités de recherche et de développement que nous jugeons communes à notre réalité. Nous devons aussi engager le secteur privé, pour voir comment nous pouvons soutenir le développement de l’intelligence artificielle sur le continent.»
Tijani Bosun, Ministre de la Communication et de l’Innovation – Nigéria
A l’échelle contientale, en juin 2024, l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) a publié une étude: le Livre blanc sur l’intelligence artificielle et l’avenir du travail en Afrique, accompagnée d’une feuille de route stratégique pour permettre aux Etats de rattraper leur retard sur les autres régiosn du globe.