Condamné à vingt ans de prison pour des propos jugés racistes et incitant à la violence, l’ex-Premier ministre tchadien Succès Masra rejette en bloc les accusations. Poursuivi avec 67 coaccusés après des affrontements meurtriers dans le Logone Occidental, le leader de l’opposition dénonce un verdict à visée politique, quelques mois après sa défaite contestée à la présidentielle face à Mahamat Déby.
Au Tchad, l’ancien Premier ministre, Succès Masra, a été condamné à vingt ans de prison par le tribunal de N’Djamena, le 09 août 2025, pour des propos jugés racistes et xénophobes incitant à la violence. Cette lourde peine intervient dans un contexte de tensions politiques persistantes. L’avocat de la défense, Me Kadjilembay Francis, a annoncé que son client allait faire appel, dénonçant une décision « injuste et politiquement motivée ».
“ Nous assistons malheureusement à une consécration d’une pratique qui consiste à l’instrumentalisation de la justice pour pouvoir régler des comptes politiques. Nous ne LE dirons jamais assez et cela est regrettable”.
Kadjilembay Francis, Avocat de la défense – Tchad
Arrêté le 16 mai dernier, Succès Masra rejette catégoriquement les accusations. Il est poursuivi aux côtés de 67 autres personnes, majoritairement issues de l’ethnie Ngambaye, pour leur implication présumée dans les affrontements meurtriers entre éleveurs et agriculteurs survenus en mai dans la région du Logone Occidental. Figure de l’opposition et président du parti les Transformateurs, Masra n’a cessé de critiquer ouvertement le président Mahamat Déby, en poste depuis 2021.
“C’est la justice qui doit restaurer notre nation. J’ai défendu les 74 accusés et nous avons démontré devant la cour qu’il n’y a rien qui peut les amener à prendre une telle décision”.
Gadnodji Prosper, Avocat des accusés déportés de Mandakoa – Tchad
Exilé après la répression sanglante d’octobre 2022, le leader politique avait regagné le pays en 2024 à la faveur d’une amnistie, avant d’être nommé Premier ministre. Il s’est ensuite présenté à l’élection présidentielle du 6 mai 2024, face au chef de l’Etat, Mahamat Déby, élu avec plus de 61% des voix. Un scrutin vivement contesté par l’opposition, qui l’avait qualifié de mascarade électorale.



