Face à des besoins de financement colossaux et une dette de plus en plus insoutenable, l’Afrique attend beaucoup des réformes de l’architecture financière mondiale. Si elles aboutissent, elles pourraient lui permettre de mobiliser plusieurs centaines de milliards de dollars par an, mais le chemin reste semé d’embûches selon des experts dans un contexte où les besoins du continent s’élèvent à 1 600 milliards USD d’ici 2030. Dans ce contexte, les réformes de l’architecture financière mondiale, portées par la Banque africaine de développement, apparaissent comme une planche de salut potentielle.
L’Afrique fait face à une équation économique redoutable avec des besoins de financement sans précédent, une dette de plus en plus difficile à soutenir et un accès aux marchés internationaux à la fois restreint et coûteux. Les réformes en cours de l’architecture financière mondiale, qu’il s’agisse de la Banque mondiale, du FMI ou de la Banque africaine de développement, ouvrent des pistes prometteuses. Mais leur ampleur reste encore loin des besoins du continent, dans un contexte où l’Afrique a besoin d’environ 130 à 170 milliards de dollars par an pour combler, seulement ses besoins en infrastructures.
“Il est aussi impératif que l’Afrique puisse développer sa souveraineté financière en terme de mobilisation de ressources domestiques mais aussi en créant des conditions favorables à l’attraction de l’investissement directe étranger pour construire des infrastructures résilientes”
Sidi Ould Tah, Président de la BAD – Mauritanie
Selon les dernières données conjointes du FMI et de la Banque mondiale, 9 pays africains à faible revenu sont déjà en situation de détresse de dette et 26 autres à haut risque. Outre le poids du service de la dette, les États du continent subissent également la remontée des taux mondiaux. Après une reprise timide, avec 13 milliards de dollars d’émissions obligataires en 2024, la fenêtre de financement s’est de nouveau refermée en 2025 sous l’effet des taux américains élevés et de la frilosité des investisseurs.
« Aujourd’hui, il ne s’agit plus de gérer le développement, mais plutôt de l’accélérer. C’est pourquoi je pense qu’il est impératif qu’il y ait une recomposition de la structure financière africaine, avec le développement de davantage de synergies entre la Banque africaine de développement et les autres institutions financières africaines, mais aussi avec l’ensemble des acteurs du financement et du développement qui interviennent sur le continent. »
Sidi Ould Tah, Président de la BAD – Mauritanie
D’après le président sortant de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina, l’architecture financière internationale actuelle offre des réponses budgétaires inégales aux pays en développement en période de chocs mondiaux. Selon l’ex-président de la BAD si les mesures budgétaires prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 se sont élevées à 17 000 milliards de dollars, soit 19 % du PIB mondial, l’Afrique n’a reçu que 89 milliards de dollars, soit 0,5 % de la valeur mondiale.
« Les décisions que nous prendrons dans les années à venir seront décisives pour l’avenir de l’Afrique, surtout à la lumière de son évolution démographique. »
Président de la BAD, Sidi Ould Tah – Mauritanie
D’ailleurs des experts estiment que la réforme de l’architecture financière mondiale au bénéfice de l’Afrique permettrait de fournir un accès au financement à coût soutenable au continent, une gestion et soutenabilité de la dette, une réallocation des ressources financières mondiales et une mobilisation du secteur privé ainsi que de nouveaux instruments. Cette réforme selon la Banque africaine de développement devrait permettre de renforcer le rôle et la capacité des banques multilatérales de développement et permettre ainsi au continent de sécuriser plusieurs centaines de milliards USD par an, et de combler ses besoins estimés à 1 600 milliards USD d’ici 2030 selon la Banque africaine de développement et l’Union africaine.



