Afrique – Cemac : hausse des rétrocessions de devises de 324% entre 2018 et 2024

La nouvelle réglementation des changes impulsée par la Banque des Etats de l’Afrique centrale, pour lutter contre l’évasion fiscale et la fuite des capitaux, a officiellement permis de rapatrier 13 898 milliards de FCFA de devises en 2024, contre 3278 milliards de FCFA en 2018. Pour le gouverneur de la BEAC, il s’agit d’un indicateur de ce que cette mesure contribue à la stabilité financière en zone CEMAC et fournit des ressources utiles au développement des Etats malgré les résistances de la part de certains acteurs économiques, en particulier les sociétés pétrolières. Yvon Sana Bangui assure néanmoins, dans un entretien accordé à Africa24, que la réglementation sera appliquée pour tous.


Le règlement Cemac portant réglementation des changes, adopté le 21 décembre 2018 et entré en vigueur le 1er mars 2019, a permis de relever le niveau de rapatriement des devises dans les pays de la sous-région, selon les données obtenues par Africa24 auprès du gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) le 17 juin à Yaoundé à l’événement Finance Week 2025. Alors que le rapatriement des devises était évalué à 3 278 milliards de FCFA en 2018, il a  progressé à 6201 milliards de FCFA en 2019 pour atteindre 13 898 milliards de FCFA à fin 2024. 

“Le constat aujourd’hui : nous avons des preuves tangibles de l’efficacité de la réglementation des changes. Il y a une nette amélioration des rapatriements des recettes d’exportations mais aussi elle a permis de consolider davantage nos réserves de changes. Aujourd’hui nous sommes à 4,7 mois d’importations. Ce niveau permet à la zone de faire face aux chocs exogènes et permet également au travers d’une centralisation qui garantit notamment notre équilibre macroéconomique et notamment la stabilité monétaire et financière de notre zone.”

Yvon Sana Bangui, Gouverneur de la BEACCentrafrique

Les entreprises du secteur pétrolier, qui représentent 60% des exportations de la Cemac, s’opposent à la mise en œuvre de la réglementation des changes, jugeant les procédures lourdes et dénonçant un frein à l’investissement. Un délai avait été convenu au 30 avril 2025, mais il n’y a pas eu d’entente, les compagnies pétrolières exigeant de la BEAC qu’elle renonce à son immunité; ce qui pourrait l’exposer à des poursuites et une saisie de ses avoirs, donc ceux des Etats, demande qui n’a pas été acceptée par la Banque centrale. L’institution estime que les contraintes rencontrées concernent l’appropriation de la réglementation, sans remettre en cause le bien-fondé du dispositif.

“Les pétroliers ont fait du dilatoire. Pour des négociations engagées depuis 2019, 2021, nous sommes à cinq ans de négociations sans suite. Les perspectives ne sont pas rassurantes. Nous pensons qu’à cette assise qui réunit tous les ministres des Finances et les ministres en charge des Hydrocarbures, nous aviserons lors de notre prochaine réunion quant aux mesures qu’il faudra prendre. Mais d’ores et déjà, la réglementation des changes s’appliquera à toutes les entreprises, à tous les agents économiques, à tout le secteur pétrolier.”

Yvon Sana Bangui, Gouverneur de la BEACCentrafrique

Le règlement oblige les entreprises actives dans la CEMAC à rapatrier leurs recettes d’exportations en devises et conditionne les opérations en capital sortant d’un certain montant dans la CEMAC à une autorisation préalable de la Banque centrale. Après un risque de dévaluation du FCFA en 2014-2015 du fait d’une chute des réserves extérieures de la Cemac à moins de deux mois d’importation, la mesure a permis d’éloigner un risque de réajustement de la parité fixe du FCFA avec l’euro. Aujourd’hui, les réserves de changes permettent de couvrir 4,7 mois d’importation dans la Cemac. Le gouverneur de la BEAC estime que les réserves de change pourraient même atteindre 10 à 15 mois d’importation pour les pays producteurs de pétrole, si la réglementation est appliquée correctement.

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