Le ministre des Affaires Étrangères du Maroc, Nasser Bourita, a été reçu en audience par le président du Kenya William Ruto, le 14 septembre 2022, avec un message du roi Mohamed VI. Au menu des échanges entre les deux personnalités, la question de l’autonomie du Sahara occidental. Jusqu’ici allié de la République arabe sahraouie démocratique, que le Maroc ne reconnaît pas, le Kenya dit faire confiance au cadre des Nations Unies pour trouver une solution durable au différend du Maroc avec la RASD.
Après avoir assisté à la prestation de serment du président kenyan, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a été reçu en audience au palais présidentiel le 14 septembre 2022. Les deux pays ont convenu de renforcer leur coopération bilatérale dans les domaines du commerce, de l’agriculture, du tourisme, de la santé et de l’énergie. Au menu des échanges également, la question de l’autonomie du Sahara occidental, territoire disputé entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée en 1976 par le Front Polisario mais non reconnue par plusieurs Etats du monde. L’agence de presse officielle marocaine, citant un communiqué de la rencontre entre le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita et le président William Ruto, rapporte que le Kenya a décidé de révoquer sa reconnaissance de la République arabe sahraouie et que des mesures étaient initiées pour la fermeture de sa représentation à Nairobi.
“Le tweet du nouveau président kényan William Ruto annonçant le 14 septembre une rupture des liens diplomatiques entre son pays et la République arabe sahraouie démocratique peut s’inscrire sous le prisme d’une maladresse. Pour preuve, le tweet a été supprimé quelques heures plus tard, créant ainsi une confusion sur la réelle position du Kenya”
Flavien MBABI, Analyste politique – Cameroun
De son côté, le président William Ruto, sur ses comptes officiels, a indiqué que le Kenya fait confiance au cadre des Nations Unies pour trouver une solution durable au différend qui oppose le Maroc au Front Polisario depuis 1976. Le Conseil de paix et de sécurité de l’ONU propose la tenue de négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario. En outre, une Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a été établie depuis 1991, pour préparer un référendum à l’occasion duquel le peuple du Sahara occidental choisirait entre l’indépendance et l’intégration au Maroc.
Sonore 2
“La question de la reconnaissance ou de la souveraineté du Polisario est un problème épineux qui dépasse le simple seuil du Kenya. L’ONU quant à elle considère le Sahara occidental comme un territoire non-autonome en l’absence d’un règlement définitif. Elle a déployé une mission de maintien de la paix, la MINURSO, afin d’éviter toute escalade”
Flavien MBABI, Analyste politique – Cameroun
Le Kenya était jusqu’ici un allié de la République arabe sahraouie. En 2021, sous le leadership de l’ex-président Uhuru Kenyatta, le Kenya réitérait son soutien au Front polisario. En avril 2022, le pays d’Afrique de l’Est avait inscrit la question sahraoui dans l’agenda du Conseil de paix et de sécurité de l’ONU. Jusqu’à l’entrevue du 14 septembre 2022, le Kenya plaidait pour la prise en compte des positions de l’Union africaine qui reconnaît au Sahara Occidental le droit à l’autodétermination et à l’organisation d’un référendum.