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Afrique : éventuelle suspension de 47 projets intégrateurs dans trois pays du Sahel

Le retrait des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la CEDEAO ouvre une nouvelle ère pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Annoncé le 25 janvier 2024, ce retrait inquiète quant au recul de l’intégration régionale. Les implications politiques sont nombreuses, avec un risque d’isolement diplomatique et politique ainsi qu’un impact négatif sur la participation aux initiatives régionales de paix et de sécurité. Bien qu’opposée à la prise du pouvoir par la force, l’organisation tend la main aux pays de l’AES pour lutter ensemble contre le terrorisme.

Pour le président de la transition du Mali Assimi Goïta, le retrait des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ouvre une nouvelle ère pour l’émergence de son pays, du Burkina Faso et du Niger. Le 25 janvier 2024, les dirigeants des trois pays ont en effet annoncé leur retrait immédiat de la CEDEAO. Dans la sous-région où 61% des échanges commerciaux s’opèrent entre Etats membres, la décision de l’AES fait craindre un recul de l’intégration régionale.

“Les citoyens ne pourront plus résider ou créer des entreprises sous la CEDEAO et peuvent être soumis à diverses lois nationales. Les trois pays cesseront d’utiliser les passeports de la CEDEAO, la carte d’identité nationale biométrique de la CEDEAO et l’assurance automobile «Brown card de la CEDEAO » à l’échelle régionale”.

Omar Alieu TOURAY, Président de la Commission de la CedeaoGambie

Les implications politiques du retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO sont nombreuses. La Conférence des chefs d’Etat ouest-africains met en garde contre un risque d’isolement diplomatique et politique sur la scène internationale des Etats signataires de la Charte du Liptako Gourma, constitutive de la création de l’AES. L’impact négatif pourra être ressenti dans la participation aux initiatives régionales de paix et de sécurité.

“L’Autorité réitère la nécessité urgente pour la Commission de la CEDEAO d’accélérer l’opérationnalisation de la Force en attente dans son mode cinétique pour lutter contre le terrorisme dans la région, y compris les éléments de la Force multinationale mixte (MNJTF) et de l’Initiative d’Accra, selon les directives de l’Autorité”.

Omar Alieu TOURAY, Président de la Commission de la CedeaoGambie

L’AES regroupe près de 18% de la population de la CEDEAO, soit 10% du marché de l’espace communautaire. Alors que l’AES vise une nouvelle trajectoire pour le développement de ses membres touchés par des sanctions économiques et financières de la CEDEAO, levées le 24 février 2024 pour le Niger. Ces pays qui prévoient la construction d’une centrale nucléaire d’ici 2034 et d’une compagnie aérienne commune s’exposent à une suspension de 47 projets intégrateurs d’un montant de plus de 321 millions de dollars.

“Les échanges intracommunautaires pourraient également être perturbés, notamment les échanges commerciaux produits non transformés tels que le bétail, le poisson, les plantes, les produits agricoles, les minéraux et produits artisanaux traditionnels ainsi que des produits industriels d’origine communautaire”.

Omar Alieu TOURAY, Président de la Commission de la CedeaoGambie

D’août 2023 à février 2024, la Conférence des chefs d’État de la CEDEAO a levé les sanctions prises suite aux changements anticonstitutionnels de gouvernement au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger. Le bloc communautaire qui envisageait une intervention militaire contre le pouvoir du président nigérien Abdourahmane Tiani a progressivement abandonné cette alternative. Si la CEDEAO reste irrévocablement opposée à la prise du pouvoir par la force, l’organisation tend la main aux pays de l’AES pour vaincre un ennemi commun, le terrorisme.

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