En 2020 la crise du covid 19 a fait chuter le trafic aérien hors fret de 90% au niveau mondial. L’Afrique a pu ressentir ce choc car les recettes dans ce secteur ont subi d’importantes pertes plus de 8 milliards de dollars en 2021 et 3,5 milliards en 2022. Pourtant la levée des restrictions sur les voyages a permis aux transporteurs africains de retrouver un niveau acceptable et qui devrait s’améliorer en 2023 selon l’Association des compagnies aériennes africaines, Afraa qui regroupe 48 compagnies africaines représentant plus de 85% du trafic international total transporté par les compagnies aériennes africaines.
En Mars 2023 le dernier rapport de l’AFRAA, l’Association des compagnies aériennes africaines révélait que l’activité des compagnies aériennes africaines a atteint 94,8% du niveau de l’année 2019. Dans le détail, la part de marché domestique était de 37%, intra-africaine de 31% et intercontinentale de 32%. Une embellie observée depuis le mois d’octobre 2022 qui a vu le nombre total de liaisons intercontinentales exploitées par les compagnies aériennes africaines dépasser les niveaux pré-Covid.
Depuis le début de la pandémie, les compagnies aériennes ont été très impactées par la situation et dès le début en mars 2020, nous avons lancé des appels au gouvernement africain, aux institutions financières pour venir en soutien aux compagnies aériennes africaines. Malheureusement les restrictions sur les voyages internationaux ont fait que le transport aérien certes a progressé progressivement depuis 2021 en termes de trafic et de capacités offertes, cependant nous sommes encore très en dessous des niveaux que nous avions en 2019.
Abderrahmane Berthé, Secrétaire général de l’AFRAA – Mali
Les pertes cumulées par les compagnies aériennes africaines en 2021 et 2022 ont atteint 12,1 milliards de dollars. L’assouplissement progressif des restrictions liées au Covid a peu à peu fait grimper les recettes. L’AFRAA estime que les transporteurs pourraient en 2023 renouer avec le profit même si les marges bénéficiaires resteront maigres. Rwandair, la compagnie nationale du Rwanda est elle, sur la bonne voie
Durant les 3 dernières années ça été extrêmement difficile mais nous avons une équipe très solide et nous sommes heureux d’avoir pu relever les défis liés à la pandémie. Nous sommes actuellement à 80% des opérations pré-covid et nous avons réussi à faire revenir tout le personnel, et nous recrutons à nouveau. Nous voyons beaucoup de demandes, même pendant la période creuse, ce qui est inhabituel. Nous sommes heureux que l’industrie se redresse et nous croisons les doigts que rien ne déstabilise la situation actuelle.
Yvonne Manzi Makolo, Directrice générale RwandAir – Rwanda
Entre les coûts d’exploitation des compagnies aériennes en Afrique qui restent élevés environ 8% de plus que la moyenne mondiale, les fonds des compagnies bloqués par les États, en février 2023 ces fonds étaients estimés à 1, 6 milliard de dollars, la faible connectivité du ciel africain, les défis à relever par le transport aérien en Afrique restent importants.
C’est un paradoxe effectivement les tarifs en Afrique sont parmi les plus élevés alors que le le PIB par habitant est parmi les plus faibles au monde, ce qui fait que le transport aérien est hors de portée du citoyen africain. La raison principale est que nous sommes dans un environnement où les coûts d’exploitation sont très élevés. Donc il est important d’avoir une approche multidimensionnelle qui regroupe tous les acteurs du secteur, pour essayer de trouver les solutions adéquates pour sortir de ce dilemme.
Abderrahmane Berthé , Secrétaire général de l’AFRAA – Mali
La prochaine assemblée générale de l’Afraa qui va réunir du 7 au 9 mai 2023 tous les acteurs du secteur en Ethiopie, va placer la durabilité, la numérisation, la cybersécurité et la mise en œuvre du marché unique du transport aérien au centre des discussions. L’objectif étant de changer le récit de l’aviation africaine afin que ce secteur contribue davantage au développement du continent.
