Face aux défis de croissance de la dette africaine et de l’incertitude de l’économie mondiale, les experts suggèrent aux pays africains de se tourner vers les ressources domestiques. Pour y arriver, les pays africains doivent solidifier leur système de collecte de taxes en digitalisant ces derniers pour un meilleur rendement.
Selon un rapport des Nations Unies, l’Afrique a besoin d’un financement supplémentaire allant jusqu’à 1,6 trillion de dollars pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et les aspirations de l’Agenda 2063. Bien que l’emprunt reste un outil nécessaire pour faire face aux crises cumulées de la détresse financière, du changement climatique, de l’insécurité alimentaire ou encore des conflits persistants, une autre solution est proposée par des experts pour appuyer les efforts de financement de l’économie africaine.
“On ne peut pas dépendre éternellement de ressources extérieures. Nos économies se sont développées, elles ont besoin de plus de ressources et cela signifie que nous devons générer des ressources internes. Nous devons travailler sur notre système fiscal pour nous assurer qu’il inclut le secteur informel, qu’il est numérisé, que toutes les failles où les flux financiers illicites augmentent sont comblées. Nous devons également réévaluer la façon dont nous donnons des incitations fiscales aux investisseurs.”
Claver GATETE, Secrétaire exécutif de la CEA – Rwanda
En Afrique, le secteur informel représente plus de 80% de l’emploi total et le ratio impôts/PIB est d’environ 15,6%, d’où le besoin de réformes fiscales pour porter ce chiffre à au moins 20% selon les experts.
“Lorsque l’on parle d’améliorer la mobilisation des recettes nationales, la plupart des gens pensent à l’augmentation du taux d’imposition. Ce n’est pas ce dont je parle maintenant. À la Banque africaine de développement, nous nous concentrons davantage sur l’amélioration de l’efficacité fiscale et de l’efficacité de l’administration du système fiscal dans les pays, de sorte que tous ceux qui sont censés payer des impôts, qu’il s’agisse de citoyens ou d’entreprises multilatérales, s’acquittent de leurs impôts. Que les droits de douane et les droits d’importation et d’exportation soient effectivement perçus et que chaque personne qui est censée payer un impôt le fasse. Nous devons donc améliorer l’assiette fiscale plutôt que d’augmenter le taux d’imposition”
Kevin URAMA, Économiste en chef et vice-président de la BAD – Nigeria
Après s’être attaqué au problème de ressources domestiques, l’Afrique doit poursuivre avec les causes profondes de la dette selon le secrétaire exécutif de la commission des Nations Unies pour l’Afrique. Pour lui, il est difficile de trouver une solution durable de la dette sans restructurer l’économie mondiale établie après la Seconde Guerre mondiale, ainsi que sa gouvernance, ses finances, son actionnariat et d’autres questions systémiques; d’où la nécessité de réformer l’architecture financière internationale.