Le rapport spécial sur le développement des économies africaines a été présenté lors des assemblées annuelles du FMI et du groupe de la Banque mondiale à Marrakech. Une tendance à la hausse est projetée en 2024 de l’ordre de 0,8% grâce à une reprise après des crises successives, notamment les changements climatiques dont l’une des conséquences d’aggraver la situation de l’insuffisance alimentaire sur le continent. L’institution financière peut-elle envisager une épuration de la dette africaine? La question a été adressée aux responsables.
Le FMI va-t-il apurer la dette des pays africains en compensation de la responsabilité des pays riches dans les changements climatiques? Et à quelle condition? La question était au centre des préoccupations lors de la présentation du rapport spécial sur le développement économique du continent. En 2022, 110 millions de personnes en Afrique ont été directement touchées par des risques liés au climat causant plus de 8,5 milliards USD de dommages économiques et accentuant l’insuffisance alimentaire. Pour les responsables des institutions de Bretton Woods, l’annulation de la dette n’est pas envisageable à cause de la complexité de la nature des dettes des pays africains.
“Qui va annuler les dettes ? probablement la partie prêteuse. 50% des dettes en Afrique sub-saharienne sont par exemple des dettes intérieures. Comment se débarrasser de la dette intérieure ? Les créanciers de chaque pays sont aujourd’hui si complexes qu’ils ne l’ont jamais été, je ne suis pas sûr qu’il existe une solution d’annulation. ”
Abebe Aemro Selassie , Directeur du département Afrique du FMI
Selon le rapport, la tendance des perspectives de développement économiques africaines est globalement positive. La croissance des pays africains révèle des signes de belles reprises après les chocs consécutifs auxquels la planète a été confrontée et qui ont négativement affecté les économies. Selon les prévisions du FMI, les économies africaines devraient augmenter de 0,8% globalement à 3.8% en 2024 contre 3.2% en 2023 et portées par des investissements privés plus significatifs notamment.
“Après quatre années de crise, y compris la pandémie mondiale, on note des signes indiquant que les perspectives s’améliorent dans de nombreux pays d’Afrique. La croissance du continent africain devrait se renforcer, passant de 3,2 % en 2023 à 3,8 % en 2024. L’augmentation des investissements privés et de la consommation devrait stimuler la croissance en 2024 pour plus des trois quarts des économies de la région.”
Abebe Aemro Selassie , Directeur du département Afrique du FMI
Les dirigeants africains veulent également négocier une coopération plus équitable lors de ces assemblées annuelles, notamment l’octroi de crédits moins onéreux à l’Afrique à l’heure ou les critiques se font de plus en plus virulentes sur la coopération avec la Banque mondiale et le FMI. “Il nous faut un nouveau Bretton Woods” disait Antonio Gutierrez. Briser l’inertie de la campagne en faveur de la réforme du système financier international, c’est l’une des attentes de ce rendez-vous économique en terre africaine.
